Le dernier train du monde, de William Pierre

1473DTDM.jpgUltra moderne solitude. C’est dans cette ambiance pas vraiment primesautière qu’est plongé le héros du deuxième roman de William Pierre, après le remarqué Samedi soir, un dj a sauvé ma vie. Mais une solitude de profondeur, puisqu’à  la surface, Stéphane a une femme (mais qu’il pense ne plus aimer), un boulot (conducteur de métro, ce qu’il n’aime plus du tout, ça il en est sûr), des hobbies très contemporains (il blogue énormément, et rêvasse de vie meilleure, son Ipod dans les oreilles).
Alors, plutôt que de rester sur les lignes droites des rames qu’il enfile, comme de rester sur les lignes claires d’une existence monotone, Stéphane s’évade, à  défaut de changer de vie. Il s’imagine en cow-boy solitaire, plongé dans l’album Steve McQueen des Prefab Sprout, et joue la carte de la schizophrénie musicale et web 2.0. Mais est-ce la meilleure solution pour changer de cap ? Les autres vont s’en charger à  sa place, lui qui n’ose pas prendre les initiatives…

On pourra qualifier ce roman de »générationnel » puisqu’il risque de ne faire écho que chez les trentenaires, biberonnés aux Inrocks et habitant dans des quartiers (péri)urbains. En effet, les références culturelles qui jalonnent ce court récit spleenesque sont très ciblées, mais ne pas s’arrêter à  ce détail : Le dernier train du monde interroge au final tout ce que l’homme décide ou fait de son existence, qui n’est que choix, désirs, contraintes, renoncements. Et si l’originalité et l’efficacité ne sont pas les meilleurs atouts de l’ouvrage, il n’en demeure pas moins une agréable sensation de familiarité, comme si Stéphane, c’était nous, avec nos atermoiements incessants, nos envies d’ailleurs, nos passions qu’on pense partageables et qui ne le sont pas toujours.

William Pierre, de manière tranquille et de plus en plus mélancolique, impose son style musical, bardé de goûts éclectiques parfaits et de visions cinématographiques plan large. Le scénario a beau paraître un peu usé, la pellicule est intacte, la plume inspirée, le lecteur emporté.

Jean-François Lahorgue

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Le Dernier train du monde, de William Pierre
Editions Jacques André, 150 pages, 13 €¬
Date de parution : décembre 2009.