Comment faut-il prendre un film sur l’héroîsation de la police en 2010? La question, qui se pose assurément, semble pourtant être vite dissout par le travail formel que Boukhrief y injecte. En effet un tel film n’est pas anodin et sans position, ceci dit il évite tout point sensible pour se concentrer à redorer démagogiquement le blason des forces de l’ordre, dans le cadre d’une mission banale qui prend des airs de thriller totalement improbable.
Le coup de pub est là , sous l’air d’un quasi-reportage dans le monde de la nuit avec des flics bad boys’n girls. Le problème, c’est que si l’on veut bien croire cinq minutes la force des personnages dans leur exposition, la relation ridicule qui s’ensuit et les déguisements dont ils sont affublés pour infiltrer une boîte de nuit laisse à désirer. Le pire, c’est que tout cet élan surréaliste ne répond même pas à l’enquête au sein du scénario : en quoi démanteler tout un réseau de drogue prouve que le fils du député a tiré avant les flics lors de leur intervention? Il y a donc un fossé entre le domaine réaliste du film (la HD offre quelques beaux plans-séquences crépusculaires à l’épaule), ses lumières rarement retravaillées et son montage sec, avec le n’importe quoi d’un scénario aux pulsions psychologiques sans intérêt, dont la courte idylle rappelle plus un épisode de »Navarro » qu’autre chose.
Soi-disant musclé, »Gardiens de l’ordre » est plutôt une copie appliquée de feuilleton télévisé dont la noirceur peut séduire, à condition d’oublier tout principe d’écriture et de rythme. Le couple De France-Testot tient la route, sans jamais faire d’étincelles, rajoutant à peine de crédibilité à un film grand-guignolesque dans lequel les flics sont, bien sûr, héros et victimes.
Jean-Baptiste Doulcet
Gardiens de l’ordre
Film français de Nicolas Boukhrief
Genre : Policier
Durée : 1h45min
Avec : Cécile De France, Fred Testot, Julien Boisselier…
Date de sortie cinéma : 7 Avrîl 2010