Et si »Green Zone » permettait enfin d’en finir avec cette lourde comparaison de reporter à laquelle on attache Paul Greengrass, véritable cinéaste de l’action et du réalisme temporel ? Reporter, Greengrass l’a été à l’époque où il naviguait sur les terrains de guerre : il a gardé de son expérience l’acuité du regard porté sur un monde détérioré par la perte de la conscience, et a rajouté à son incroyable vivacité une direction et un montage ultra-véloce qui lui permettent de construire, au-delà des images véritables, une envergure spirituelle et philosophique qui parle par-dessus les réalités.
« Green Zone » est certes un film improbable dirigé par un Hollywood sanguinaire, néanmoins Greengrass est loin d’être le troufion des gouverneurs et monnayeurs du système. Sa pertinence reste de mise et son cinéma d’une intelligence supérieure à la moyenne, à la fois dans le développement d’un vrai scénario mais aussi dans une réalisation personnelle qui sait s’éloigner des codes tant attendus du blockbuster tout en mêlant à la véracité une efficacité de divertissement toujours renouvelée. La force du cinéaste, dans l’apparence du film, est de ne jamais céder à la lutte entre le trop-peu et le trop-plein. Son art est équilibré, harmonieux entre la puissance sérieuse et politique du propos et la poursuite paranoîaque du spectacle, preuve irréfutable que l’on peut intelligemment additionner deux extrêmes sans que le film n’en devienne dangereusement partisan ou démagogique. Car il y a un humanisme chez Greengrass, que l’on ne retrouvera peut-être jamais autant que dans son somptueux »Bloody Sunday » l’un des chef-d’oeuvres de la décennie. C’est à partir de cette face là que l’on peut parler d’un travail de mise en scène personnel au-delà de l’efficacité résultante des bonnes formules. Puis aussi, de manière plus spontanée encore, cette relation entre le réel et la gestion du temps, fixée dans un cadre et un mouvement chronométré que le cinéaste tient en progression comme un art qui peu à peu devient aussi naturel que les images chassées sur le vif. Greengrass a, de par son passé de journaliste engagé, des choses à dire : son traitement frontal des vérités humaines et l’édulcoration visuelle de l’action montrent bien le fossé décent qui s’installe entre l’humain, qu’on ne saurait modifier sans être obscène, et le facteur improbable de l’action guerrière (tout en pyrotechnie savamment dosée). Quand bien même si le film est un auto-combat d’Hollywood censé remplir ses fonctions, à aucun moment ne peut-on saisir une vraie confrontation entre américains et irakiens, puisqu’il n’existe à juste titre ni gentils ni méchants, ce que le film retraduit finement. Pour autant cette neutralité ne signifie pas que le film est dénué d’intentions ou d’interêts dénonciateurs. Il suffit de voir avec quelle ironie mordante Greengrass explore la Zone Verte américaine pour comprendre qu’il y a là des avis qui s’évadent. C’est le tour de force du film, de ne pas être putassier ni dans sa représentation de la guerre ni dans sa violence de l’action, et aussi d’avoir un point de vue sans tirer à boulets rouges sur n’importe qui. Le cinéma de Greengrass passe d’abord par la précision et la réflexion, pas simplement par un enchaînement de vulgaires martyrisations visuelles et psychologiques. Alors oui on pourra reprocher au film de s’échapper de cette savante harmonie pour se fixer dans une unique poursuite hâletante lors des vingt dernières minutes, mais il est difficile de penser que cela peut se détacher de l’ensemble, tant même le traitement esthétique du final tient d’une pensée de la matière filmique et agit sur l’entité du film.
Jean-Baptiste Doulcet
Green Zone
Film américano-britannique de Paul Greengrass
Genre : Guerre / Drame
Durée : 1h55 min
Avec : Matt Damon, Amy Ryan, Brendan Gleeson…
Date de sortie cinéma : 14 Avrîl 2010
Un film sans intérêt, un peu comme si un groupe pop refaisait depuis 10 ans des albums sur la guerre en Irak. Green Zone enfonce des portes ouvertes, est mal joué, ne changera rien aux opinions de ceux qui le voient puisque presque personne n’y va. Des films raccoleurs, creux, programmes sur ordinateurs et qui, pire, cassent les autres films en leur prenant la quasi totalité des salles. Le cinéma Américain sur leur guerre a produit beaucoup de navets (parmi eux Apocalypse Now, qui n’a eu une Palme d »Or que parce que Françoise Sagan, présidente du jury cette année là , a était menacée physiquement. (elle l’a dit dans un entretien). Américain, améliorez vos films et arrêtez de faire la guerre ou vice-versa. N’oubliez pas que c’est « Top Gun » qui a permis la guerre du golfe en remettant la guerre « à la mode ». Green zone n’a pas d’intérêt…