Chester Brown n’a pas son pareil pour laisser transparaître la mélancolie dans ses bandes dessinées. Là encore, avec »Je ne t’ai jamais aimé » tout comme dans »Le petit homme » précédemment paru chez Delcourt, Chester Brown se met en scène dans un récit triste et touchant dans lequel il évoque ses années d’adolescence, ses premiers amours.
Chester Brown est un garçon timide, mal dans son grand corps maigre et a du mal à aborder les filles. Pourtant il est amoureux d’une fille, qu’il fréquente sans pour autant avancer dans sa relation. Par ailleurs, la mère de Chester qui souffre de troubles mentaux se comporte bizarrement et à l’école, les copains se montrent souvent vexants, essayant par tous les moyens de faire dire des jurons à Chester qui a horreur de ça !
Même si on a déjà vu ce type de portrait chez Tomine, Joe Matt ou ailleurs, on ne peut que se montrer admiratif devant la sincérité et la justesse du récit de Chester Brown qui se montre sous un jour peu flatteur mais en même temps dans une posture qui permet au lecteur d’avoir de l’empathie pour lui et pourquoi pas de s’identifier à son personnage.
Résultat, malgré le coté dépressif de l’ensemble, le livre se lit avec un certain bonheur, et à notre tour on se souvent des occasions manquées, de celles que l’on a pas eues et inversement de celles que l’on ne voulait pas.
D.’un point de vue narratif, c’est aussi extrêmement subtil, avec une économie de mots et de dessins, mais ça fourmille de détails, de choses simples, de non-dits qui font passer tout un tas d’émotions avec seulement quelques cases.
« Je ne t’ai jamais aimé » est sans doute n livre pour les amoureux transits mais pas seulement car c’est avant tout une remarquable bande dessinée, troublante et émouvante qui vous ravira, j’en suis sûr.
Benoit Richard
Je ne t’ai jamais aimé
scénario & dessin : Chester Brown
Editeur : Delcourt
194 pages n&b – 13.95€¬
Parution : mai 2010