Pokett – Three free trees

pokett_artwork_CD.jpgJe l’avoue : je suis toujours un peu réticent à  l’idée d’écouter des groupes français interpréter des morceaux en langue étrangère, quand on sait comme notre langue est riche…bref, l’anglais est certes musicalement chatoyant, plus facile à  manier quand il s’agit de plaquer des mots sur des sons, tous les musicos seront d’accord. Sauf que là , pour Pokett, on est vraiment dans une autre perspective (pas de jeu de mot par rapport à  la pochette du disque en 3D !), voire une autre ambition : celle de s’aligner aux grands songwriters outre-Atlantique.

Stéphane Garry n’est pas un bleu, il a su s’entourer dès le début des années 2000 (Domotic, Don Nino) pour monter sa petite entreprise poketienne, rassembler divers collaborateurs (des musiciens de Paloma, de Scalde, de Pollyanna venus un temps faire des infidélités à  leurs groupes…) et accoucher jusqu’ici de trois albums (Crumble, The Peak et ce dernier Three Free Trees). Pour ces trois opus, une certaine exigence dans le songwriting pop-folk-rock, avec des touches électro pour les deux premiers mais totalement absentes de ce nouvel album.

A la première écoute, je déplorais ce dernier manque, qui faisait de the peak une pièce d’orfèvrerie musicale presque maniérée mais touchante, en tout cas franchement ambitieuse. Ici, sur ce disque rapidement enregistré, la délicatesse 00’s laisse place à  du son carré quoiqu’hyper mélodique, rappellant instamment la pop-folk chiadée d’Elliott Smith dans années 90 ou les envolées de cordes de John Fahey. Moins contemporain donc, mais plus éternel, comme un rappel exigeant que ce sont dans tous les pans de l’histoire de la folk-music qu’on peut puiser les ingrédients de pop-songs parfaites.

Car c’est évidemment vers un souci de perfection, vers ce que le genre musical étudié a fait de mieux que tend Stéphane Garry et sa troupe de sur-doués. Les neuf titres ne comportent que peu de moments de faiblesse, alors que les coups d’éclats sont légion : la fin sublimement élégiaque du dernier morceau, le single presque parfait someone you know qui convoque les défunts Elliott ou Sparklehorse. Ledit Sparklehrose, référence évidente également sur like a knife, pour moi le plus beau morceau de l’album, à  la fois très classique dans sa forme et mélodie, et à  la fois magnifique de par le chant de Garry mais aussi par sa force d’évocation qui lui fait cotoyer les plus grands morceaux de Grandaddy, Wilco ou O’rourke (oui, excusez du peu, mais les accointances sont si fortes et si réussies qu’on peut se permettre de les recouper !). Mais si la majorité de l’album présente un classicisme de belle qualité (take me home, sinking island, quelques fulgurances montrent l’éclectisme espiègle du compositeur : une montée de guitares électriques ressemblant aux riffs du Creedence Clearwater revival (Livin’ In here), quelques réminiscences beatlesiennes sur Happy the One

Troisième album, troisième réussite, troisième coup de coeur : Pokett rentre enfin dans la cour des grands, ceux qui peuvent enfin s’enorgueillir d’oser s’emparer des racines américaines les plus inattaquables pour les sublimer de leur French délicate touch. En un mot : la classe. Et je le redirai pas trois fois.

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Jean-François Lahorgue

Pokett – Three Free Trees
French Toast / Clapping Music / Boutiques Sonores
Date de parution : septembre 2010

Tracklist :
1 The Way Down
2 Take Me Home
3 Someone You Know
4 A Sinking Island
5 Make It Last
6 Like A Knife
7 Livin In Here
8 Happy The One
9 Three More Chords

Plus :
le site du groupe
La page myspace du groupe
Vidéo du single »someone you know » :

1 thoughts on “Pokett – Three free trees

  1. Retrouvez POKETT le 23 juillet dans le cadre du BS℗2011 au Nouveau Casino avec This Is The Hello Monster! et La Féline.
    + d’infos sur la date :
    + d’infos sur le festival :

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