La Peur du rouge, de Fred Neidhardt

Après le très drôle et nostalgique »Pattes d’eph et Col roulé » il revient cette fois encore sur un moment de son enfance, à  savoir celui où il se rendit avec sa classe en ex-Allemagne de l’Est en mars 1981.

Avec »La Peur du rouge » Fred Neidhardt met en scène une belle brochette de jeunes puceaux, obsédés et frustrés comme il se doit, plongés dans un Berlin Est du tout début des années 80 assez effrayant. Un univers sombre et inquiétant dans lequel le lecteur entre lui aussi, presque à  reculons, en compagnie de cette bande de collégiens insouciants mais presque héroîques »Car il en faut de l’héroîsme pour affronter la galerie des horreurs du musée du nazisme mise en scène par la RDA ou encore pour faire le mur un soir et aller se paumer dans la nuit berlinoise, glauque et sinistre.
Livre étrange et bourré de références nostalgiques, notamment dans les expressions et les tics de langage des ados, livre où l’on rit, mais où l’on se sent un peu déstabilisé, »La Peur du rouge » rappelle un peu le style de Joe Matt, notamment dans sa façon d’aller au fond des choses, et surtout les plus graveleuses, de manière à  provoquer, volontairement ou non, un sentiment de malaise chez le lecteur.

Si le style graphique, avec des personnages dessinés en mode animalier, permet de mettre un peu de distance, le mode narratif et le côté autobiographique fait que l’on s’identifie très facilement au personnage. Au bout du compte, on est sans cesse balancé entre gravité et insouciance, entre peur et euphorie. Résultat, on a là  un livre troublant, au réalisme fort, parfois cru, qui peut susciter diverses réactions, mais qui ne lasse, quoi qu’il en soit, pas indifférent.

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Benoît Richard

La Peur du rouge
Scénario & dessin : Fred Neidhardt
Editeur : Delcourt/coll. shampooing
128 pages – 13.95€¬
Parution : septembre 2010