Le documentaire en cinq parties de Charles Ferguson, mettant en lumière l’historique, les signes avant-coureurs, les développements et les responsabilités qui conduisirent à la crise financière et économique de 2008 avant d’en aborder les conséquences et de brosser un état de la situation actuelle, mérite tout au long de ses deux heures une réelle attention du spectateur, pour ne pas dire une connaissance préalable, même succincte, des mécanismes qui régissent le secteur. Car le film est particulièrement dense en informations surchargeant parfois l’écran, entre les noms et titres des intervenants et les sous-titres copieux, parfois à la limite de la lisibilité. S.’il assume son ambition d’être pédagogique et de rendre intelligibles les arcanes d’un système pour le moins complexe aux ramifications aussi bien mondiales que devenant incontrôlables, le film pêche aussi par excès tant il y a profusion d’informations et de témoignages.
Très discret, sans jamais se mettre en scène à l’opposé d’un Michael Moore, Charles Ferguson mène ses investigations avec pugnacité, posant des questions de bon sens, sans agressivité, aux acteurs majeurs : banquiers, économistes, dirigeants des institutions financières qui se dérobent dans un silence très révélateur, louvoient péniblement ou refusent de reconnaître les faits avec une mauvaise foi déconcertante. On est abasourdis d’une part par les sommes mises en jeu et les répercussions dramatiques au niveau de l’économie réelle planétaire et d’autre part par la rapidité avec laquelle les établissements financiers ont renoué avec leurs mauvaises habitudes et par l’incapacité de la nouvelle équipe démocrate à changer le cours des choses, malgré les engagements, préférant reconduire dans leurs fonctions et leurs prérogatives ceux-là mêmes qui provoquèrent la crise tout en en engrangeant de très confortables dividendes, alors que dans tout le pays, le chômage et les saisies immobilières explosent. Constat absolument terrifiant que celui de montrer qu’aucun enseignement n’est retiré des événements récents, aucun changement de cap amorcé et qu’au contraire tout a repris avec encore plus de vigueur, d’accumulation exponentielle et de cynisme décomplexé.
Patrick Braganti
Inside job
Documentaire américain de Charles Ferguson
Durée : 2h00
Sortie : 17 Novembre 2010
La bande-annonce :