Retrouver Mathieu Boogaerts, depuis une soirée de 1994 à Lille (arrosée la soirée »bon sang ce qu’on s’était mis) est toujours un plaisir mêlant révérence artistique et nostalgie., C.’est le constat aussi que le musicien a quelque part grandi avec nous au fil de ses 16 années. C.’est se rendre compte que depuis le primesautier Super, mélange onomatopéique et bricolo, remettant la langue française en question, Boogaerts a muri avec nous, passant de l’insouciance à la paternité et de la paternité au doute. En témoigne une discographie qui évolue vers plus d’amplitude et plus de mélancolie, de craintes aussi parfois.
Mais Mathieu Boogaerts c’est aussi et surtout une expérience scénique. Expérimentée plusieurs fois quant à moi, mais une fois en formation serrée à Liège dont le son ressemblait à s’y méprendre à la prestation scénique enregistrée lors de sa résidence marathon à la Java, (une salle) de Paris. Sur scène, le jeu du bonhomme démontre toute sa maestria de guitariste quelque part aux confins du jazz et de la pop, deux univers où Boogaerts aime à se balader.
En formation serrée comme ici, accompagné de son bassiste, les chansons imaginées par le petit bonhomme Tofsy chevelu redeviennent ce qu’elles sont, : des tours de force mélodiques, des paroles qui accordent autant d’importance au signifiant qu’à l’onomatopée. En petit comité scénique, les chansons de Mathieu Boogaerts se parent aussi d’une immédiateté qui se distille immédiatement dans la mémoire de celui qui l’écoute. Un petit miracle que Boogaerts a réitéré de nombreuses soirées pendant les semaines de résidence à la Java. Qu.’il reprenne aussi des standards de la pop (Jackson est de loin son préféré) ou qu’il égraine les perles de sa discographie récente, tout se remet en place dans un système Boogaerts, qui réunifie les derniers opus, passant de l’agoraphobe et anaéorobie Michel au sautillant et quasi funk I love you qui redevient indispensable là où on exprimait sans doute quelques doutes à sa sortie.
Rares sont les enregistrements live qui récoltent ma faveur. Pour moi, un live c’est une expérience visuelle et sensorielle autant qu’auditive. Leur version figée sur galette laser n’est en général qu’un fétichisme de l’objet plus qu’une réelle oeuvre. Dans le cas de Mathieu Boogaerts, la version scénique, resserrée et essentielle éclaire sur un pan entier de la maestria du musicien, qui reste sans doute un peu camouflée au fil des albums, : La grande dextérité du guitariste à enfiler les genres comme d’autres lisent VSD, et la capacité à emmener l’audience dans son univers, que celui-ci soit enjoué ou claustrophobe. Et, si tu ne connais pas encore Mathieu Booagerts, voici un live que je conseillerais les yeux fermés pour pénétrer la discographie de l’artiste. Une réussite.
Denis Verloes
Tracklist
01. Intro 0:40
02. Come to me 2:41
03. L’espace 3:28
04. Fais gaffe 2:56
05. Attention 3:10
06. Corinne 2:28
07. Chape de béton 3:14
08. Dommage 2:52
09. Jambe 2:28
10. Le ciment 3:23
11. All I wanna do 4:20
12. Bel et bien là 2:57
13. Appelez les pompiers 2:33
14. Bandit 4:13
15. Siliguri 3:29
16. C’est lundi
Label: Tôt ou tard / Warner
Date de sortie: 29 novembre 2010
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