Peut-on faire revivre un amour d’enfance, donc retrouver la saveur même amère du passé, ? Sur cette question guère originale, à la réponse évidente – négative, forcément – la comédienne et réalisatrice Nicole Garcia livre un film plutôt convenu, à l’intrigue complexe et artificielle qui alourdit la narration et la soustrait à la réelle émotion. Les atermoiements existentiels et mémoriels de Marc Palestro – campé par un Jean Dujardin peu convaincant – ne passionnent pas durablement, d’autant plus que la femme qui en face de lui se charge de les réveiller et attiser ne nourrit guère plus d’intérêt, là aussi par un jeu banal et peu inspiré – mais Marie-Josée Croze a-t-elle jamais été bonne actrice, ? En dépit de la blondeur et du comportement mystérieux et étrange, nous sommes bien loin de la figure emblématique hitchcockienne. Le scénario qui finit par faire coexister deux genres, : la bluette ressuscitée et le thriller pêche par son volontarisme excessif, : train raté, accident de voiture. Certes la réalisatrice du Fils Préféré (1994 et à ce jour sa meilleure production) sait mettre en scène la gent masculine, portant comme étendard le sempiternel costume noir, travaillant souvent en équipe virile et solidaire (ici une agence immobilière). Elle sait scruter les failles d’hommes ordinaires apparemment solides mais Marc n’est qu’une terne copie de Jean-Paul Mantegna (Gérard Lanvin dans le film cité plus haut).
Si le film est nimbé d’une belle lumière propre aux bords de la Méditerranée, française comme algérienne, mettant en valeur les pierres séculaires aixoises et oranaises, on regrette cependant que la native d’Algérie n’offre pas une vision plus personnelle et moins convenue des événements, même perçus au travers du regard d’enfants. Là aussi le film bute sur des procédés scénaristiques (évocation des souvenirs et escapade rédemptrice) pour justifier du tournage maghrébin, qui, au final, joue trop avec les clichés, pour ne pas dire un certain folklore. Seconds rôles inexistants malgré le prestige du casting (Claudia Cardinale et Sandrine Kiberlain, presque en figuration), c’est donc surtout au niveau des deux interprétations protagonistes et des ficelles de l’écriture que le film révèle ses plus grandes faiblesses en ne prenant pas le parti d’un traitement plus cruel et plus vénéneux puisque le ressentiment et la rancoeur imprègnent la trajectoire des personnages.
Patrick Braganti
Un balcon sur la mer
Drame français de Nicole Garcia
Durée : 1h45
Sortie : 15 Décembre 2010
Avec Jean Dujardin, Marie-Josée Croze, Sandrine Kiberlain, Michel Aumont, Claudia Cardinale…
La bande-annonce :