On ne présente plus Sukkwan Island, récompensé du prix Medicis Etranger 2010 et encensé par une critique unanime. S.’il est possible de ne pas aimer le roman de David Vann, il est impossible de rester indifférent.
Pourtant, l’idée est simple : Un homme divorcé et en pleine introspection décide d’arracher son fils aux tumultes de l’adolescence pour l’amener vivre 365 jours sur une île oubliée du sud de l’Alaska, isolée de toute vie humaine. Là -bas ne règnent que le froid, le blizzard, la neige et une faune hostile de bestioles non identifiées qui grognent, crient ou volètent. Au milieu de cet environnement se dresse une minuscule cabane, austère et mal équipée, mais qui demeure l’unique vestige de leur civilisation.
Au-delà de l’apprentissage difficile de la maîtrise des éléments naturels, le père et le fils devront surtout apprendre à se connaître, à s’apprivoiser et peut-être à s’aimer. Dans ce roman, l’isolement géographique n’a d’égal que celui qui hante l’esprit des deux protagonistes. Le père s’enfonce dans sa déprime alors que le fils cherche à se rapprocher, à comprendre ce père qui a longtemps été absent et qui semble victime d’accès de mélancolie nocturne.
Comme le fantôme d’un corbeau noir de mauvais augure qui filerait sans cesse entre les lignes, la narration rythmée et l’ambiance sinistre qui s’en dégage laissent présager l’arrivée imminente d’une catastrophe, que le lecteur sentira comme une violente gifle au moment de sa lecture !
Sukkwan Island est un livre intéressant – à lire très certainement – dans la mesure où son impact sur le lecteur est réel et surtout inévitable. Le suspens est omniprésent et l’immersion est totale, dans ce roman qui n’est pas sans rappeler – avec un ou deux tons en dessous – La route du génial Cormac McCarthy. A lire toutefois en ayant pleinement conscience des conséquences cafardeuses que cette lecture aura sur votre existence.
Sabine Sursock
212 pages
Editions Gallmeister
Parution 7 janvier 2010
Auteur David Vann
j’aime beaucoup votre mise en garde que je trouve très juste.En effet,je trouve que ce livre ne vaut pas la dithyrambe et chez le même (excellent)éditeur,je propose « l’homme qui marchait sur la lune » d’Howard McCord qui m’a fait comprendre que l’ami Cormac était certes incontournablement grand et en même temps archisurestimé !