De la chanson française, de l’électronique, des sons venus du froid au menu des Chroniques Express 70 avec Yael naim, Glasser ring, Anoraak, Dylan leblanc, Crookers, Cyndi Lauper, Asa, Arnold Turboust, Brune, Sexy sushi,
Yael Naim – She was a boy
On avait quitté la petite et fragile Yael au beau milieu du carton planétaire de son single New Soul, utilisé pour une pub d’ordinateur pommé puis abondamment diffusé sur les ondes du monde. Succès assez mérité pour cette belle comptine néo-folk, suffisamment accrocheuse pour ne plus lâcher l’oreille de ses auditeurs. On ne pourra pas en dire autant de ce nouvel album, qui témoigne surtout de la volonté de l’artiste de ne pas réitérer ce coup de maître. Accompagnée de son arrangeur David Donatien, Yaël Naim s’offre des plages musicales apaisées et apaisantes, des balades folk tranquilles mais sans grande envergure et qui appellent presque à l’ennui caractérisé. Alors oui, c’est très beau, c’est très doux, des paroles sombres emportées par une voix cajoleuse et superbe, mais »She was a boy » lisse et sans aspérité, ne possède pas ce petit plus original qui pourrait le démarquer de la masse de (bons) disques qui sortent actuellement. (2.0) JEan-François Lahorgue.
( Tôt ou Tard / Vs Musiques – novembre 2010)
Le premier album de Cameron Mesirow, elfe glaçante échappée des Amériques, porte parfaitement bien son titre. Les titres de son »Ring » forment en effet un cycle concentrique d’où il semble malaisé de construire un cheminement, un parcours intelligible. L’artiste a surtout décidé de réaliser une oeuvre entière, opaque et multi-instrumentale, sans souci du tube ou de la pop-song ultime. Les neuf plages musicales évoquent chacune des ambiances particulières où la voix exceptionnelle de Cameron s’immisce au milieu des rythmes électroniques tribaux, des instruments traditionnels triturés ou éthérés, des boucles sonores hypnotiques et rêveuses. Parfaitement (trop) produit, le premier album de Glasser est une réussite pour peu qu’on y consacre de la patience et qu’on soit fan des oeuvres de Björk et de Bat For Lashes, évidentes comparaisons avec ce projet original, fascinant mais aussi légèrement exténuant. (4.0) Jean-François Lahorgue
(True Panther Sounds/Matador/Beggars – octobre 2010)
Anoraak – Whatever the sun sets
Frédéric Rivière, qui mène son projet Anoraak depuis quelques temps, est l’ancien batteur des Pony Pony Run Run. On s’en serait douté, tant le single du disque »try me » fait immédiatement penser aux tubes du groupe revival 80’s. De ce revival, il en est ici également question : »whatever the sun sets » au gros son chatoyant électro-funk avec rétroviseur clinquant calé sur la génération Rubik’s Cube, ne cesse de nous remémorer la décennie musicale où la plupart de nous, lecteurs et moi-même, avons doucement forgé notre culture musicale. De fait, on ne pinaillera pas sur l’effet mode du son synthé et so cool d’Anoraak, mais on appréciera comme il se doit un album chaud malgré les »cold tools » la sensualité se dégageant des rythmes électro-funk, l’ambiance coucher de soleil floridien qui nous évade assez loin de notre quotidien grisailleux. Thanks Fred. (4.0) Jean-François Lahorgue
(Naîve/Grand blanc – septembre 2010)
Doit-on encore faire de l’americana pur et dur en 2010 ? Du folk-country tellement usité par le siècle passé qu’on ne peut s’empêcher d’écouter avec autant de nostalgie que de moquerie ? L’album du jeune Dylan Leblanc, cow-boy un peu torturé de 20 années à peine, ressemble aux radios country thématiques qui pullulent sur la bande FM des stations US quand vous traversez les States dans une bagnole cabriolet, à la recherche d’une Amérique authentique et quelque peu fantasmée. D’un classicisme qui frise le beau devoir scolaire, Paupers Field n’est finalement qu’une collection de country-songs certes bien torchées, bien chantées, super jolies pour une ballade romantique, mais franchement ennuyeuses et sans intérêt. Difficile de croire, du coup, qu’Alela Diane ait adoré cet artiste au point de le programmer en première partie de ses tournées, et de chanter en duo avec lui…on n’est clairement pas sur le même registre de talent et d’émotion, même si le genre musical est sensiblement le même. So long, Dylan… (2.0) Jean-François Lahorgue
(Rough Trade/Beggars)
Y’a du beau linge sur le premier albums des Italiens de Crookers. Pour la plupart, des invités qui les ont déja eux-mêmes invités à remixer des morceaux : Kid Cuti, Rye Rye, Miike Snow… mais se rajoutent également une guest-list de tout ce qui fait le son hype des dance-floors de ces deux dernières années : Soulwax, Major Lazer, The Very Best, Yelle, Kelis, Spank Rock… n’en jetez plus, ça déborde. C’est même là le principal souci de Tons Of Friends : les deux DJ italiens sont tellement contents d’avoir fait venir tant de monde à leur dance party, que la chantilly sonore menace à tout moment le joli gâteau dansant et festif qu’ils ont patiemment élaboré. Plus d’une heure et quart de gros son qui tâche, de la disco-punk endiablée, du groove festif, du ragga bouge-cul, du baile funk fiévreux, quelques passages doux au milieu d’un dubstep secouant…tous les ingrédients pour que la sudation l’emporte presque sur la qualité. Du trop-plein, oui, on est d’accord, mais ne pas rejeter pour autant le scud des Crookers en masse, car les pépites y sont presque camouflées, à vous de founier dans cette ‘plus grande discothèque du 21ème siècle’, vous devriez y trouver votre compte… (3.5) Jean François Lahorgue
(Southern Friends Records – mars 2010)
Cyndi Lauper – Memphis Blues
Pour moi, toujours, CL se sera une rousse/rouge incendiaire qui réclamait comme une furie son droit a prendre du plaisir dans les premières vidéos musicales de ma jeunesse. Et ça compte dans l’éveil au goût. Je suis d’autant plus étonné de la voir revenir, mûre, âgée transmutée en égérie du blues à l’américaine qui hésite entre blues et country. Sa voix si caractéristique a pris un peu de rondeur, et la Lauper une assurance qui alterne entre certitude et confiance en soi. Et ça marche. J.’étais fan, sans plus, du retour de Marianne Faithfull muée en égérie du croon il y a une paire d’année. Je suis sensible au boogie, au groove et à l’énergie maîtrisée, presque classieuse que le petit bout de femme arrive à communiquer dans ces titres qui militent entre reprise et création. A consommer avec ses boots aux pieds pour une meilleure infusion dans l’univers (3.0) Denis Verloes
(Downtown /, Naîve – 2010 )
Asa – Beautiful imperfection
Asa revient aux affaires avec la même formule que celle qui l’a fait connaître. Soit un mélange d’afro et de soul mélangeant ses racines ethniques à la pop sixties. La belle enrichit ses arrangements et à la guitare des premières amours vient parfois s’ajouter un orgue sixties et l’un ou l’autre instrument d’appui. l’ensemble gagne en prétention et quand il se fait mélodique, arrive à accrocher le single radiophonique comme l’imparable Be My Man, parfait mélange entre une mélodie mnémotechnique une voix caressante mais puissante , et une musique qui tâte du funk pop tranquillement. J.’adhère. Je respecte. Mais je dois reconnaître aussi que je n’arrive pas à m’enfiler tout l’album d’une traite. Quand elle abaisse le tempo, Asa convoque la soul et c’est là qu’elle me perd le plus régulièrement, tant je n’arrive pas, au-delà de la beauté du chant ou de la tendre caresse ethnique, à trouver les ferments qui puissent me faire rester au-delà du constat, : » ah ouais pas mal, « . Au 21 e siècle il en faut hélas plus pour me retenir. (2.5) Denis Verloes
(101 distribution /Naîve – 2010)
J.’ai beau apprécier la personne chargée de la communication on line d’Arnold Turboust, je ne peux que me rendre à l’évidence, : le disque du bonhomme cristallise à peu près tout ce que j’exècre dans la pop indé en français. D.’abord une musique qui tend à assumer son brio, : le bonhomme complique ses mélodies pop en démontrant qu’il comprend la, musique, tu vois. Les arrangements électroniques sont pompiers, – là je suis dur- en fait ils ne seraient pas si pompiers si de Roudoudou à Air en passant par Saint Etienne et à peu près toute la pop anglaiser de la fin des .’90s n’avait fait mieux et plus complet avant. Les paroles sont aberrantes de vacuité. Turboust cherche le chemin entre la nouvelle chanson française, Jacno Chamfort et Katerine. Sauf que »Sa voix es atone comme pas deux, et le ton trop sérieux pour apparaître drôle, trop présomptueux pour être punk. Du coup on se penche sur les rimes nazes et les histoires qui nous touchent l’une sans remuer l’autre. Même le mix est tordu. l’électronique qui devrait, c’est mon avis, servir d’appui pour rester digeste, passe devant le piano et la voix sans âme vient se coucher par-dessus l’ensemble. Euh. Beurk. Désolé (1.0) Denis Verloes
Indie Europe/Zoom – 2010
Brune – Brune
Ah tiens Axelle Renoir s’est associée à Soan et aux Plastiscines puis a confié l’écriture à Anaîs ? Ah non tiens c’est Brune. Mais pourquoi pourquoi la dame elle chante avec ce ton dégingandé systématique, style quoi ouais la vie c’est nul j’aime rien, je suis galérienne, ok, ? Quoi t.’as un problème, ? Voilà un groupe par excellence pour adolescentes femelles (la preuve, : on ne peut pas passer sur NRJ hits le matin au café de la gare sans tomber sur ce Non ne me dis pas que tu t.’en vas ») du genre de celles qui sont punk tu vois (m’an tu m’emmènes au concert steup, ? Nan, ? quoi, ? Tin la daronne elle fait chier) qui ont un blog et une housse d’iPhone Hello Kitty. Le seul argument que je vois en faveur du groupe, : ils jouent vraiment de ce rock sirop qui n’est pas irritant pour les oreilles. Ouf. Mais pas encore aussi abouti dans l’esthétique qu’un Superbus par exemple. Brune ça sert à rien quoi. Mais ça fait de mal à personne non plus. Benzineux, : passe ton chemin (2.0) Denis Verloes
(3e Bureau / Wagram – 2010)
Sexy Sushi – Cyril
De temps à autres comme ça en musique, un groupe français se met à tenter de retourner le PSF (paysage sonore français) à coup d’ovni sonore. Didier Super en est sans doute l’exemple le plus abouti, et réussi. Stupeflip en fut l’exemple le plus hype. Sexy Sushi tente de nous faire le coup en propulsant de l’électronique binaire qu’on croirait éditée sur Fruity Loops. Une boucle indigente qui tabasse, un gimmick et des paroles concon ici chantées par une fille, plus litanie que chant. Le beat frappe fort. l’objectif est manqué. On ne peut pas retenir mes oreilles sous le casque avec ce mélange. Et le problème c’est que rien, dans ce mélange qui emprunte ses codes à la hard tech ne me donne non plus envie d’aller me trémousser sur la piste. Non allez Marin si un peu. Le tout est looooong et passe lentement malgré les BPM au fil de ces 14 titres. Clairement je ne suis pas client de ce genre de délire. Mais alors pas du tout (j’ai du abandonner à Depêche toi sans doute aussi le meilleur résumé de la formule Sexy Sushi). Et pendant ce temps Underworld et Bertrand Belin on sorti leur album »Moi je dis ça »(2.0) Denis Verloes
(La cile – 2010)
Salut,
Très bonne playliste, merci beaucoup, je viens de découvrir grâce à vous Yael naim !
A bientôt
Sandra de Saint Etienne