Jake Gallo, le personnage principal de cette bande dessinée est un coq. Un coq qui le don de parole, un coq qui pense et qui agit, car depuis un beau jour de 1979, les humains se sont rendus compte qu’ils n’étaient plus les seuls sur terre à avoir une conscience et que les poules, coqs et autres poulets étaient dotés des mêmes dons qu’eux.
Histoire à la fois réaliste et fantastique, »Elmer » raconte à travers le personnage de Jake comment, au fil des années, son père ainsi que de nombreux coqs se sont battus, certains au prix de leur vie, pour qu’ils soient reconnus et considérés à l’égal des humains.
On découvre alors, au fil des pages, cette longue et douloureuse lutte pour la reconnaissance des gallinacés grâce au journal intime du père Jake (Elmer) décédé. Dans cette confession, Elmer y décrit les conditions dans lesquelles vivaient les poulets avant et comment le gentil voisin de la ferme familiale, Ben le fermier a contribué à sa survie.
Livre d’une grande humanité et assez bouleversant, »Elmer » est une belle et intelligente métaphore de la lutte contre les discriminations raciales au cours des siècles derniers qui rappelle, en filigrane, la lutte contre l’esclavagisme et la reconnaissance des droits des noirs en Amérique.
Bénéficiant d’un scénario remarquablement construit, bourré de références et de clins d’oeil à notre histoire, à notre société actuelle, à l’évolution de moeurs ou des codes moraux, Elmer met en scène des personnages passionnants et plus vrais que nature, à la psychologie complexe, comme on peut en trouver souvent dans les bons mangas. Mais »Elmer » doit aussi sa réussite au dessin en noir et blanc de l’auteur, Gerry Alanguilan, dont le trait fin réussit pleinement à rendre ces poulets aussi expressifs et touchants que des humains. Un livre aussi étonnant que captivant qui se place dans la droite lignée du fameux »Maus » de Art Spiegelman.
Benoît Richard
Elmer
Scénario & dessin : Gerry Alanguilan
Editions Ca & La
144 pages – 14€¬
Parution : novembre 2010
Comments are closed.