La musique de N.’Relax est à l’image de sa pochette : un univers griffonné au crayon à papier, ; un trait minimaliste mais ornementé ; un dessin touchant, naîf et enfantin ; un vrai travail d’artiste ; une poésie folle.
A entendre la voix de petit elfe malicieux de Marine Pellegrini, on jugerait le groupe suédois, islandais ou japonais. Et pourtant, N.’Relax est bel et bien lyonnais, loin de la rosette, des quenelles ou des clameurs du stade Gerland. C.’est d’ailleurs un peu tout le contraire, une musique entièrement dégraissée qui avance sans heurts et sans tapages. Laissant une large place à l’acoustique et à ce que le groupe appelle » petits instruments, » (comprendre » glockenspiel, percussions en tout genre, instruments jouets, » que sais-je encore, ?) N.’Relax est un groupe qui aime respirer et qui donne de l’air à ses arrangements. Il prend les choses à la cool ; leur nom pouvait le laisser croire mais, Oak Tree le prouve à chaque instant.
Dans le genre musique de chambrette et vieux greniers,, N.’Relax ne sombre pas fort heureusement dans la caricature. Les arrangements sont bien plus riches que cela. Dans le monde au final complexe des Français, il y a effectivement le fluide d’une guitare électrique discrètement distillée pouvant donner un aspect étrangement feutré à la musique (Eddy part 2). Nous quittons dès lors la rudesse d’un grenier pour des plaisirs plus confortables. Les claviers ne sont pas en reste, servant de liant à l’ensemble, jetant le trouble sur un monde enchanteur (Molly) ou évoquant même le temps del’Antichambre une mélancolie chère à Ennio Morricone. N.’Relax compose avec la modernité, ne lui tournant pas le dos et l’utilisant surtout à bon escient, sans fascination outrancière mais avec créativité. Mais que voulez-vous plutôt que choisir systématiquement cette possibilité -celle d’enrichir le propos et de donner des contrepoints harmoniques à ses mélodies, N.’Relax préfère prendre quelques chemins détournés à l’image d’une Joanna Newsom faisant de sa harpe son meilleur – et original – allié. Chez les Lyonnais, c’est là que leurs petits instruments entrent en jeu ainsi que l’appui éclairé et éclairant d’une trompette ou d’un cornet ; des choix qui leur vont plutôt bien, le groupe aimant mettre des accords jazz aux entournures. Le jazz est d’ailleurs la formation initiale de Marine Pellegrini et l’on ressent dans ses lignes de chant une lointaine passion pour Billie Holiday.
Avec tout cela,, N.’Relax rappelle la fraîcheur des, Cardigans débutants avant que les Suédois ne tombent dans la grosse cavalerie. En écoutant,, Bright sun ou, l’horloge (pourtant chanté en anglais), on retrouve ce qu’on aimait par-dessus tout chez Nina Persson et sa bande : cette candeur naissant d’accords bizarres. A leur écoute, on imagine aussi ce que pourrait donner une, Bjork naturaliste qui n’en aurait pas pour autant perdu son inventivité et son grain de folie. Tout comme l’Islandaise, nos Lyonnais ont cette faculté de soudainement élever les âmes sur des arpèges cristallins de guitares (I can see) ou sur tout autre chose d’ailleurs. On aime aussi les mélodies en soi, qu’elles se rapprochent des élégants, Diving with Andy (Early autumn) ou des feux follets de Konki Duet, autres amatrices de comptines musicales un peu dérangées (Le mauvais oeil, Eddy part 1). N’Relax s’est surtout forgé un style bien à eux, ce qui est là l’essentiel.
Cette chronique est née de l’insistance d’un responsable promo me serinant depuis des mois sur l’importance musicale de N.’Relax (et moi trop longtemps sourd à ses suppliques). Qu’il en soit ici remercié. Oak Tree est une bénédiction, !
Denis Zorgniotti
Label : Grolektif Productions
Sortie : 8 novembre 2010
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