Honte sur moi, haro sur le baudet, j’étais resté insensible à l’époque quand Jean Baptiste, alors âme damnée d’un de mes labels préférés m’avait proposé d’écouter et chroniquer le premier album d’un de ses potes (à la pochette noire certes peu engageante): Robin Leduc, publié en catimini.
OK je ne vais pas polémiquer cent ans sur la pléthore de trucs qu’on nous demande d’écouter tout ça tout ça »Reste que j’étais passé à côté de Robin Leduc. Et que comble de la folie médiocre, c’est plusieurs années plus tard à la faveur d’un Taratata encore bien, que j’ai eu l’oreille attirée sur la musique du bonhomme. Oui je sais c’est moche…
D.’où provient ce soudain charme à mes oreilles ? Facile!
Du subtil mélange entre des paroles faussement nunuches proches d’un Dutronc, du phrasé dégingandé proche des premiers Dominique A (Dominique, combien seront tes enfants illégitimes) , des thématiques qui fleurent bons les oubliés Statics (ah ce premier album jamais dépassé), et surtout surtout d’une véritable orchestration comme en osaient les groupes pop anglais – qu’on appelait britpop- vers 95/96.
On songe d’ailleurs parfois à l’univers du Casanova de The Divine Comedy à l’écoute de Hors-Piste de Robin Leduc, s’il n’y avait systématiquement ces paroles qui venaient réduire l’emphase du propos à un quotidien banal et sublimé. Je casse tout, ou Laissez-moi passer, sont d’ailleurs à ce titre les plus beaux exemples radiophoniques d’un disque qui mélange la force de la pop anglaise et la qualité d’une chanson française qui oublie de se prendre au sérieux.
Hors Pistes remue ces ingrédients de base dans un shaker et en sort une pop en français qui doit finalement assez peu à la chanson française sinon un parrainage en forme d’augures qu’on espère bonnes.
Car pour colorer sa recette, la faire tanguer et la faire voyager un peu, ce n’est pas en France que Leduc et ses Pacemakers s’en vont piocher non. Mais bien plutôt dans le répertoire des musiques africaines afrobeat, des sons caribéens qui rallongent l’effet kiss cool et la longueur en bouche de ce hors pistes d’album.
Et du coup, il n’y a rien ou jeter ou presque dans l’opus de Leduc à la pochette toujours aussi douteuse que le premier essai. On passe de la folk à la pop, de la pop au rock et même du rock à la variété française, avec une aisance musicale saisissante. Tout ceci semble d’une facilité déconcertante. On y perçoit pourtant une vraie maestria musicale dans l’agencement des instruments et des sons, dans un plaisir de jouer qui infuse l’ensemble. Dans une discrète richesse des arrangements dont le seul but consiste à porter une certaine intensité, une certaine énergie musicale à l’opposé total de la voix du bonhomme.
Simple, efficace, c’est assez rare non quand un Français est capable de rivaliser avec les anglophones sur le terrain de leur pop ? Moi en tout cas, ca me parle. Et ça me met de bonne humeur. Que demander de plus?
Denis Verloes
Tracklist
Date de sortie:
4 octobre 2010
Label: Tôt ou tard / Warner
Plus+
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Le clip de Laissez-moi passer via Dailymotion
Clip »Laissez-moi passer » de Robin Leduc
envoyé par totoutard. – Regardez plus de clips, en HD !