Encore traumatisé par Coeur de Pirate ? Alors voici Tricot Machine, un duo qui va un peu vous réconcilier avec les artistes québécois. Un petit disque de chanson-pop sans prétention qui ne révèle pas tout de suite sa grande hauteur sous plafond. Tabernacle !
Pourtant, à regarder les choses en face, la musique de Tricot Machine n’est pas si éloignée de celle de, Coeur de Pirate : les deux artistes ont gagné le »Félix de la révélation de l’année » à deux ans d’intervalle. Surtout, la prochaine étape commence, , sur une petite voix de jeune ingénue au piano qui pourrait à la longue devenir crispante. Sauf que chez les malins, Tricot Machine, la voix de Catherine Leduc s’associe parfaitement à celle de Matthieu Beaumont pour un rendu musical des plus séduisants. Sauf que chez, Tricot Machine, on sent déjà poindre des arrangements autrement mieux senties – et la suite va nous le confirmer ô combien. Sauf que chez Tricot Machine, les textes sortent du niaiseux pour toucher une sorte de fantaisie du quotidien poétique et attachante. Bref, à l’instar de, Jérémie Kisling, possible, cousin Helvète, notre duo québécois tire le meilleur parti d’une chanson archi rabattue, pas vraiment folichonne à la base, pour la hisser vers des cieux plus cléments. Et puis, dans le genre piano (l’instrument préféré de nos deux compères), on est plus proche de, John Lennon que de Michel Berger.
Radar est un bon exemple de ce petit relookage vite fait bien fait, : on part sur le chemin de Linda Lemay (aîe) pour dévier rapidement (ouf !) vers une pop alerte et enlevée nettement plus fréquentable. Le morceau est sympa, sans plus, mais nos amateurs de couture peuvent faire mieux encore., Tricot Machine a déjà pour lui d’être un bon mélodiste, ils le sont à la manière des artistes des années 70 : les instruments sont largement acoustiques (piano évidemment mais aussi guitare, banjo, harmonica…) et la production a la saveur du naturel voire du bucolique (Une bûche après l’autre). Mais la plus grande force de la paire Leduc-Beaumont est de partir d’une ligne simple mais jolie pour lui donner du volume et nous faire prendre la hauteur. Le duo a régulièrement recours à des choeurs qui donnent du souffle à leur musique initialement intimiste., , L’arrivée de cordes , mette aussi le duo sur un piédestal classieux (Le Morriconien, Comme un accident, ou, 2e rang qui évoque l’ampleur mélancolique de la musique de Macadam Cow-boy).
Avec, Tricot Machine, les choses se font comme ça sans grandiloquence, tout naturellement ; comme si l’on découvrait une grande hauteur de plafond et une belle ornementation à une pièce qu’on avait jugé prématurément trop petite et banalement décorée. On a parfois le sentiment d’avoir affaire à une musique symphonique de poche, , proposant différents mouvements et une tension croissante, (l’électrique, J’ai des allumettes ou, Avalanche).
Et le plus amusant dans l’affaire, c’est qu’avec tout ça, Tricot Machine reste un groupe gai, plein de peps. Ecoutez, 30 ans hier pour vous en convaincre : jouissez de ce piano qui se lâche et évoque le classique, The Way it is (de Bruce Hornsby) et chantez à tue tête, cette musique est aussi faîte pour ça.
Tricot Machine, comme un vieux slogan : »Fait main, fait bien ».
Denis Zorgniotti
Label / Distributeur : La Grosse Boite / Sober & Gentle / Sony
Date de sortie : 31 janvier 2011
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