Quelle est donc la particularité d’Arbouterum avec son nouvel album ? La réponse tient en un mot : la distorsion. Un effet qui fait partie de la légende du rock et qui fait parfois entrer les classiques Américains dans une autre dimension. Tant mieux, on risquait de s’ennuyer.
Le phénomène n’est pas nouveau et avait trouvé au milieu des années 70 en, Neil Young son plus beau prophète. Réécoutez et dites-vous que le Canadien avait déjà voulu dompter la fée électricité sur, Rust Never Sleep. , Dans notre période bénie pour la folk naturaliste, cette appétence pour les guitares électriques sonne de manière presque étrange, comme une entreprise de destruction de paysages bucoliques dessinés de manière trop évidente. Attention,, Arbouretum n’est pas seul à aimer les guitares, heavy et peut s’apparenter au Black Mountain et au mouvement Stoner à coup de rythmiques lourdes à la Deep Purple. Il ressemble aussi, US Christmas sans tomber dans la surenchère des Texans bouchant, toute possibilité de voir l’horizon par de claviers psychédéliques ; ceux-ci sont présents dans, The Gathering juste assez, sauf sur l’intro un peu stérile de, The Empty Shell.
Le groupe de Baltimore reste puriste sur ses terres, s’inscrivant parfaitement dans la tradition américaine (Dave Heumann, maître à penser de, Arbouretum, a longtemps joué avec, Bonnie Prince Billie) et même dans le folk anglais de, Fairport Convention. Il en reste de sérieuses traces , : , certains titres sont traités de manière classique, c’est à dire en mettant plus en sourdine cette forêt de guitares gluantes (When delivery come, Destroying to save et encore plus sur la ballade, highwayman à la tiédeur proche de Chris de Burgh...oups).
En revanche, les Américains ont toujours aimé les titres longs en bouche, des musiques mâchouillées et re-machouillées encore tournant sur une rythmique répétitive. Là , Dave Heumann prend un malin plaisir à étirer de longs soli de guitares sur un tapis de riff gras : la musique d’Arbouretum entre de plein pied dans les marécages et la boue (The White Bird, Waxing Crescents et surtout le final de dix minutes de, Song of the Nile). C’est dans ces moments-là qu’il se passe vraiment quelque chose : on oublie dès lors l’écriture classic folk/rock un peu figé de, Arbouretum pour avoir le sentiment de vivre un voyage initiatique agité. Entre classicisme et mise à mal de celui-ci,, The Gathering hésite à choisir.
Denis Zorgniotti
Label / Distributeur : Thrill Jockey / Differ-ant
Date de sortie : 15 février 2011
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