Voilà l’arrivée d’un nouveau super héros ! Aidé par les Wonder Rabbis, Yom a le pouvoir de faire aimer une clarinette Klezmer à des amateurs de pop, de post-rock et d’électro, sans dénaturer l’émotion primaire et charnelle suscitée par ses racines. Balèze !
Mine de rien,, With Love est une mini-révolution. Au même titre qu’Erik Truffaz au moment de, The Dawn, , Julien Lourau à l’époque de, Gambit ou encore, Bugge Wesseltoft avec, New Conception of jazz ; , ces jazzmen avaient décidé alors de confronter leur musique à l’électronique. , Yom fait subir le même genre d’évolution, pas pour le jazz, mais dans le genre dans lequel il excelle, le Klezmer, cette musique des juifs d’Europe de l’Est qui se métisse avec la tradition tzigane et les senteurs d’Orient., With Love n’est pas à proprement parler ce qu’on imaginerait pour ce genre de musique ; ce n’est pas un album world, encore moins un album de musique traditionnelle. Dès, Picnic in Tchernobyl, l’auditeur est abasourdi : le morceau file le long d’une basse qui semble tenue par Simon Gallup de, Cure boostée par des claviers dignes de, Zombie Zombie, une vraie virée hallucinogène et oppressante dans une voiture devenue folle.
Remarqué par les amateurs avec, Unue,, Yom et , the Wonder Rabbis fait entrer sa musique pleinement dans la modernité. Et tout l’album va être ainsi fait, avec en permanence des habillages électroniques ou l’usage d’un Rhodes, entre ombre et lumière, pureté sonore et , dissonance. Le fond musical évoque aussi bien le trip hop un peu claustrophobe de, Massive Attack (Highway to Constantinople), que l’électro-pop spatiale d’Air ou de, Mellow, (saving the world is easy, Along the Red Danube, The Arrival)., Yom and the Wonder Rabbis nous entraîne dans un monde entre terres bardées de fils barbelés et bulles cotonneuses. L’énergie est même parfois rock – on pourrait même dire post-rock – avec une batterie au taquet (The Wonder Rabbis). On croirait même entendre une guitare électrique (en fait un Rhodes fortement saturé) sur une musique sourde et tendue (Killing a gypsie).
Avec tout ça, la crainte d’avoir affaire à une musique dénaturée voulant séduire au-delà de ces frontières, s’évapore rapidement :, Yom est bel et bien là avec sa clarinette qui fait la danse des sept voiles et donne une voix Klezmer au reste de la musique. Ces thèmes musicaux renvoient aux mystères de l’Orient ou à ce folklore nomade de l’Est. La clarinette distille un certain mysticisme et un sentiment de mélancolie ne tombant pas non plus dans l’excès de pathos. L’émotion est extrême, surtout sur une lente variation jouée à fleur de peau sur plus de 13′ (Kaddish for Superman).
Yom and The Wonder Rabbis entre dans la modernité tout en gardant ce sentiment de faire une musique venue du fond des âges. Cela ressemble à un grand écart et cela ne sonne pas du tout artificiel (peut-être que les spécialistes du Klezmer, ce dont je ne suis pas, auront un avis contraire). Et c’est même réussi. Essayez, la chance sourit aux audacieux !
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 18 mars 2011
Label / Distributeur : Buda musique / Du-Nose / Socadisc
Plus+
MySpace