Autant l’avouer, au début, je m’étais un peu trompé sur les Cornflakes Heroes confondant jemenfoutisme et, facilité d’écriture., A l’heure du troisième album, on peut affirmer avec certitude que les Caennais ont un talent naturel pour créer un indie rock réjouissant avec des gros bouts de pop croustillante à l’intérieur. Bravo les gars et la fille !
Hum est bourré de tubes imparables, de refrains qui vous font tourner la tête, de passages qui vous filent le sourire. Pourtant à y écouter de plus près, rien n’est vraiment évident pour susciter pareille adhésion ou pour faire naitre le plaisir chez l’auditeur. Hum est un vrai album de rock et du meilleur cru., Que ce soit au niveau des structures gentiment tarabiscotées, des arrangements qui explosent le modèle guitare-basse-batterie (avec un moog dans le rôle du trublion), des styles que le groupe fait se télescoper, rien n’est cousu de fil blanc et rien n’obéit à un formatage ou à une recette préalablement établie., Cornflakes Heroes crée sa propre définition d’une pop song explosive et décomplexée.
Dans, Hum, il y a bel et bien un esprit anglais (seulement en germes dans les deux opus précédents) mis en valeur dans des mélodies aussi fédératrices qu’euphoriques. Mais avec impertinence et inventivité, le quatuor re-dynamise cette énergie en la plongeant dans un bain de jouvence. C’est les, Kinks joués à la manière de, Pavement (Itchy Cheeks, ecstasy Peace,, Lucy was a bitch à la fois nonchalants et électriques). C’est, The Smiths poussé dans l’univers déglingué de, Sebadoh (In my rags). C’est aussi la folk far west de, 16 Horsepower concassée par une furie, Nirvanesque (Whisky town)., Cornflakes Heroes apparaît comme un groupe léger tout en balançant ça et là des volées de bois vert en forme de guitares musclées (Road Sign, Lucy was a bitch). Il adopte un esprit lofi tout en usant de gros sons. , Il reste toujours très mélodique tout en usant volontiers de dissonance et de bizarrerie sonore – , ce qui tient d’un triple exploit.
Et tout ceci avec une facilité déconcertante, avec le sentiment que le groupe s’amuse (et nous avec). Imaginez quand Cornflakes Heroes prend les choses plus sérieusement : eh bien cela donne un vrai chef d’oeuvre. Torturé et tortueux, l’ambitieux, Road Sign, du niveau d’un grand, Sonic Youth, prouve que le groupe normand, a désormais atteint l’âge de la majorité. De moins en moins Cornflakes, de plus en plus Heroes.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 9 mai 2011
Label / Distributeur : Greed recordings / MVS Distribution
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Cornflakes Heroes- Ecstatic Peace from Cornflakes Heroes on Vimeo.