Attention groupe culte ! Repéré notamment sur la B.O. de »Broken Flowers » de Jim Jarmusch et dans la série »True Blood » Dengue Fever revient avec un nouvel album entre, rock Khmer, (si, si) et pop sixties. Un drôle de mélange qui ne manque pas de saveurs.
Petit apparté :, dès qu’Universal ne sait pas trop mettre un disque dans un genre, il choisit de le distribuer, via sa division Classique et Jazz. Pourtant, il n’y a rien de tout cela dans Cannibal Courtship, le quatrième album de Dengue Fever. A la rigueur, on peut concéder qu’il est vaguement jazzy et encore., En l’occurrence, l’embarras d’Universal réside dans le fait que le groupe Américain, de Los Angeles précisément,, a pour chanteuse Chlom Nicol, une Cambodgienne qui pousse même le vice, à chanter en Khmer sur, deux titres (Uku, only a friend). Pour Universal, c’est sûr, la coupe est pleine : cette particularité a de quoi provoquer un burn out dans un esprit pour le moins formaté. Pourtant, sur ledit morceau, passé la surprise d’entendre une voix toute droit sortie d’un restau karaoké asiatique, on n’est pas trop surpris par le reste : un flute donne un supplément de touche ethnique mais le titre, demeure équivalent au reste de l’album chanté en anglais, c’est à dire pop et sixties. Nicol va garder cette petite voix fluette de soprano »circonvolutionnant » d’une manière typiquement asiatique, à telle enseigne que parfois il faut tendre l’oreille pour s’aperçevoir qu’elle chante bel et bien, en anglais. Associé souvent à la voix »américaine » de Zac Holtzman, chanteur-guitariste du groupe, cela donne une association somme toute inédite. La pochette du disque traduit bien, la symbiose musicale, de Dengue Fever : un fantasme de guitare, hybride, regroupant une, Fender électrique et un instrument traditionnel Khmer.
Dengue Fever est donc sixties dans l’âme, : le groupe épouse différentes formes, toutes issues de cette période. A, la fois psyché avec son farfisa et, son theremin, surf avec, ses guitares fuzz et baba cool dans ses choeurs (Cement sleepers, Family business), le groupe aborde aussi les terres, plus dangereuses d’une variété internationale., Thank you Goodbye semble surgir d’une vieille retransmission du concours Eurovision. Il faut dire que Dengue Fever est aussi un groupe orchestral avec ses cuivres (saxo et cors), les Californiens, n’étant d’ailleurs pas contre donnés dans le John Barry exotique (Kiss of the Buffalo Alvarius pourrait être un thème d’une BO d’OSS 117). Et comme rythmiquement le batteur, Paul Dreux Smith et le bassiste Senon Gaius Williams sont parfaitement en place,, dévenant une, sé(du)ction groovy, Dengue Fever propose avec Only Friend un titre inspiré par l’Afro-pop. De ce côté là et avec leur niveau, ils peuvent tout se mettre.
Le groupe s’est donc, retrouvé sur la BO d’un film de Jarmusch ;, on ne serait pas étonné de les voir célébrer, un jour, par Quentin Tarantino (amateur de saveurs sixties décalées) ou même par David Lynch pour le vénéneux Cannibal Courtship, aussi ensorcelant, que dangereux ou sur Sister in the radio parfait pour un Yellow, Velvet.
Avec Dengue Fever, le dépaysement est en tout cas garanti.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 9 mai 2011
Label / Distributeur : Concord records / Universal musique Classics & Jazz