Il y a quelques années, Fred Chichin moitié et guitariste de Rita Mitsuko était emporté par un cancer des poumons foudroyant. Il laissait son binôme à la ville et à la scène orphelin de sa part musicale. Et dénué de l’envie de continuer l’aventure.
Quelques années ont passé, et la peine de Catherine Ringer semble se muer en envie de remonter sur scène, de dire le manque. De re-raconter, puisque Rita Mitsuko c’était avant tout une histoire d’histoires.
Alors, de session en invitations par des amis musiciens, Catherine Ringer s’est dit-on laissée tenter à réécrire, à poser sa voix sur les compositions de ses amis ou inversement, mis en musique sur les textes de la dame.
Autant je ne me prononce pas sur l’hommage que le disque constitue, autant j’ai un avis tranché sur la musique qu’il présente. Sérieux, il n’y a vraiment personne au label qui ait eu l’honnêteté ou la force de lui dire que cet album n’est pas bon ?
Musicalement, au-delà de l’hommage en lequel il consiste, le disque est creux. Les mélodies rock sont dignes d’un groupe garage de garage. Simple, efficace, mais complètement usé. Les effets de sons posés downtempo sur un chant presque parlé, Brigitte Fontaine a prouvé qu’on pouvait les pousser dans de meilleurs retranchements, avec un intérêt plus grand. Et les textes du coup, sur lesquels on se focalise forcément quand on ne se laisse pas porter par la musique, sont tout sauf percussifs, soit ce qui a fait la force de la voix de Ringer au fil de ces années de scène. On a du mal partager l’émotion qu’elle vit dans sa chair.
Je l’ai écouté plusieurs fois, cet album, pour être sûr que je n’étais pas dénaturé par une première écoute trop laxiste. En fait c’est encore pire au fil des écoutes, parce qu’on parvient à se défaire de l’hommage pour se focaliser uniquement sur ce qu’on entend.
Et c’est à ce moment que je suis tombé sur les moults affiches qui ornent ma gare parisienne en ce joli moi de mai 2011. Du Catherine Ringer partout. On comprend un peu mieux les espérances du label, quand il s’agit de capitaliser sur un nom d’artiste. On imagine avec une pointe d’ironie méchante, pourquoi personne ne semble avoir demandé de comptes à Catherine Ringer à l’heure de la maquette. Parce que Catherine Ringer quoi. Notoriété et timing parfait. Et sans doute un DA complètement fan.
Je suis quant à moi beaucoup plus dubitatif quant à la portée du disque dans l’histoire musicale. Au-delà des fans absolutistes de Rita Mitsuko abandonnés comme des bateaux ivres un soir à l’annonce d’un décès.
Denis Verloes
Date de sortie: 2 mai 2011
Label: because / Warner