Animal Mundi est bien le genre de disque qui justifie l’existence d’un webzine comme celui-ci. Petit groupe, petit label, petit distributeur mais grand disque. De fait, , il sera peu chroniqué et aussi brillant soit-il, Montreal on Fire, sera condamné à l’anonymat. Heureusement Benzine est là pour essayer de sauver le groupe de ce mauvais karma. Allez, on y croit !
De la nébuleuse bio de Montreal on Fire, nous ne saurons pas grand chose si ce n’est que la groupe a commencé duo à Montréal pour finir quatuor à Toulouse. Musicalement, le groupe ne suit aucune mouvance en particulier et semble plutôt avoir digéré les apports successifs de la new wave, du shoegazing, de la noise et du plus récent, post-rock. On aurait du mal à citer un groupe auquel Montreal on Fire collerait aux basques. Tentons de lâcher un nom, Bed. Et encore, c’est réducteur.
Après le titre d’ouverture,, Animal Mundi, qui a la mérite de mettre en place des guitares réverbérées et une aspiration certaine qu’à le groupe pour la contemplation et la production de sons beaux en soi (ce qui seront des constantes sur tout le disque), , Montreal on Fire entre dans le vif du sujet et dans le paradoxe fondamental de sa musique, celui qui nous fait tendre l’oreille, celui qui charme , au plus haut point. Le groupe allie un sentiment profond de mélancolie, presque dépressif, à une énergie de vie qui, elle, est bien dans l’action. Cela se traduit par un chant volontaire qui se déploie en voix de tête à la manière d’un Robert Smith ou d’un Joe Jackson écorché (les membres du groupe sont initialement issus de la scène punk/hardcore, ceci expliquant peut-être cela). Cela se traduit aussi par des guitares parfois affirmées (Your yes sounds like No !) ou une rythmique soutenue (Above in the view) ou les deux ensemble (excuse my french).
Il y a des éléments en apparence antinomiques qui transparaissent dans Animal Mundi avec Montreal on Fire avançant , sur une corde raide dans ce que l’âme humaine a parfois de contradictoire. Le disque est d’autant plus riche d’atmosphères paradoxales que chaque morceau obéit à une structure évolutive où le modèle couplet-refrain n’a pas cours. Un titre un poil oppressant comme From Dawn to noon où l’on semble avancer dans une forêt aux feuilles coupantes peut déboucher , sur une clairière dégagée quand les voix des quatre membres du groupe (Adrien, Simon, Romain, Luc) se mettent ensemble dans une belle unité harmonique. Montreal on Fire adore d’ailleurs mélanger les fluides vocaux autant que les strates instrumentaux faisant naître chez l’auditeur une ivresse musicale. Autre exemple, autre moyen, le saxo de Would you be my sample ? a le pouvoir de subitement élever un morceau empreint de spleen vers une beauté plus sereine.
L’album se clôt dans une débauche de vapeurs et de reverb avec comme seul phare dans la brume un orgue basse et une voix d’animal blessé : on penserait à un dernier appel avant le grand saut mais le titre, I was Born again tonight, nous lance , sur une autre piste, tout le contraire de ce que l’on avait imaginé. Mourir ou naître, la différence n’a jamais été aussi proche et ce titre est bien le symbole de tout le disque.
Animal Mundi est animé par l’énergie du désespoir et ce qui rend le disque aussi touchant., Cela s’appelle un coup de coeur.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 4 avril 2011
Label / Distribution : Muzikom / Antiheroes / CD1D
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CD1D
Montreal On Fire – New album teaser – 2011 from MONTREAL ON FIRE on Vimeo.
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