Adapté du roman éponyme de Graham Greene, Brighton Rock, le premier long-métrage de Rowan Joffe (fils de Roland), retient l’attention par la qualité de sa photographie et l’aptitude à mettre en scène les actions, : poursuites, tueries, émeutes des Mods et des Rockers dans la ville balnéaire située sur la côte méridionale de l’Angleterre. En effet, le réalisateur a choisi de transposer cette histoire de rivalités de gangs des années 30 au milieu des années 60 et donc d’utiliser la confrontation qui opposait alors vivement les deux mouvements de la jeunesse locale comme ressort dramatique. Hélas, l’idée est juste effleurée, jamais réellement développée, les manifestations tournant à la bagarre générale servant juste de prétexte à l’issue des rixes autrement plus meurtrières et lourdes de conséquences qui voient s’affronter les deux gangs locaux. Plus qu’une simple histoire de bandits et de lutte de pouvoir pour s’octroyer le monopole d’un business et d’un territoire (les jeux clandestins et Brighton), le roman – et donc le film – embraye rapidement sur une rencontre amoureuse, commencée par intérêt puis développée sur fond de cohabitation entre le bien et le mal, avec à la clef la perspective de la rédemption. Il faut se souvenir à cet égard que l’auteur britannique de Voyages avec ma tante s’est beaucoup penché sur l’ambivalence humaine et le poids du catholicisme. Ce type de réflexion philosophique – qui confine davantage à la digression dans le cas d’un thriller comme Brighton Rock – supporte en général assez mal la transposition à l’écran, sauf à être confié à un cinéaste inspiré. Ce que n’est assurément pas Rowan Joffe, se révélant plutôt fastidieux tâcheron dans les scènes intimistes entre Pinkie le jeune malfrat tourmenté et machiavélique et Rose, l’innocente et candide serveuse. Quel ennui et quelle platitude, heureusement que la toujours impeccable Helen Mirren vient rehausser le niveau et insuffler un peu de rythme, que le réalisateur ne semble donc maîtriser que dans les séquences d’action réglées à la perfection, y compris dans l’utilisation des décors naturels de la cité balnéaire.
Après une scène d’ouverture qui tient en haleine, le film trop long finit par s’essouffler, à la fois par manque tangible de suspense et par dilution jusqu’à l’épuisement de dialogues peu passionnants. Enfin, il n’évite pas une certaine grandiloquence – dont ce tic de plus en plus fréquent d’un habillage musical pompier et omniprésent. Le goût affiché de la stylisation ne parvient cependant pas à masquer la longueur de l’ensemble et l’absence de véritable originalité.
Patrick Braganti
Brighton Rock
Thriller britannique de Rowan Joffe
Durée : 1h51
Sortie : 22 Juin 2011
Avec Sam Riley, Andrea Riseborough, Helen Mirren, John Hurt,…
La bande-annonce :