Echappé depuis bien longtemps de sa formation d’origine, Purr, Thomas Mery s’affranchit des codes et des habitudes et matière de musique pop, pour sortir des albums toujours surprenant et à contre-courant de ce l’on peut entendre habituellement en France. La preuve, encore une fois, avec ce second album, Les couleurs, les ombres paru sur le label own records.
Après »Des larmes mélangées de poussière » sorti début 2010, Thomas Mery laisse de côté les textes en anglais pour nous offrir des compositions dans sa langue maternelle que l’on pourra immédiatement rapprocher de celles de Mendelson tant le rapport entre les univers de ces deux artistes semble évident.
Textes à consonance littéraire, aux phrases ciselées, le style de Thomas Mery ne laisse pas indifférent et laisse apparaître un univers assez sombre et bien singulier, évoquant des douleurs, des séparations, avec des textes évocateurs, où, comme chez Bashung ou Manset, l’histoire, le sens des mots s’effacent devant la musicalité, devant le côté simplement poétique du texte. Mis en musique dans des constructions sans structure apparente, ces textes sans refrain ni couplets résonnent par leur lyrisme tenu, leur beauté froide sur des musiques improvisées aux sonorités folk, post-rock
Le temps de 6 titres, Thomas Mery définit un style, qui peut paraître assez opaque au premier abord. Mais pour peu que l’on s’attarde un peu sur ses chansons, que l’on y revienne de temps en temps, l’effet se révélera sans doute à la hauteur de cet album, assez rare et intense, laissant éclater au fil des minutes, des motifs de guitare, de piano, de clarinette, des percussions, aux contours et aux reflets lumineux.
Ni facile ni charmant, »Les couleurs, les ombres » est un disque rempli de courbes et de sinuosités, de plis et de recoins, un disque presque hors du temps et qui devrait combler ceux qui détestent les lignes droites et les routes bien tracées.
Benoit Richard
Thomas Mery : Les couleurs, les ombres
label : Own Records
sortie : mai 2011
Peut-être mon disque préféré de 2011. Carrément !