Ok voilà , je vais me faire conchier par une partie des lecteurs. Pour la première fois depuis 2002, époque où on me faisait découvrir par MP3 le premier album du groupe…. TV on the radio m’a déçu.
Depuis Return to the cookie mountain et jusqu’à dear science, en passant par la scène pourrie du festival le plus surestimé de France: Rock en Seine, je vouais jusqu’ici un culte sans borne à la bande de Dave Sitek. Ce groupe est pour moi comme la parfaite incarnation des années 2000 telles qu’on les imagine, musicalement du moins, dans nos rêves les plus fous.
Une sorte de creuset musical où bouillonneraient de multiples influences: du rock bruitiste, du garage, un poil d’ethnique, des soubresauts funk et du groove pour saucer le tout. Soit le parfait produit d’une jeunesse qui s’est abreuvée à l’histoire de la musique et se l’approprie depuis Brooklyn.
Peu avant l’arrivée de l’album dans les bacs, TV on the radio assistait impuissant au décès de son bassiste Gerard Smith, des suites d’un cancer du poumon fulgurant. La tournée de promotion de TV on the radio s’en est retrouvée écourtée, et le groupe complètement sonné par la vitesse du crabe à mettre l’homme à terre. Un bien morbide buzz a donc accompagné la sortie de nine type of lights dont le moins qu’on puisse dire est qu’il perpétue l’apaisement et la quête du versant pop de la musique de TV on the Radio.
Cette quête, concomitante à l’arrivée du groupe chez universal voit les titres explorer plus profondément les versants funk, soul et folk de la musique des TV on the radio. Un groupe qui délaisse désormais plus souvent qu’à son tour la tension destructrice rock qui torpillait tout l’ensemble sur les précédents albums et qu’on ne retrouvait jusque là guère que chez Sonic Youth. C’est un choix. Il me déçoit. Ca manque de lebenslust comme dirait Schopenhauer (note pour plus tard, j’ai placé un philosophe dans ma critique). Exit donc le rock primal poussé dans ses retranchements esthétiques, qui se voit ici, en plus, lissé par une production qui affine tant le propos qu’il en devient émoussé.
Il n’y a aucun mauvais titre sur l’album loin de là , parce qu’un album à demi réussi de TV on the radio est toujours un album largement plus réussi que bien des bons albums d’autres formations; il y a juste que le groupe explore une pente plus bucolique qu’on lui avait déjà entendue sur le précédent opus, persuadé qu’il tentait de présenter ponctuellement une nouvelle facette avant de revenir à une tension originelle ou à une nouvelle exploration sonore, (marque de fabrique du groupe). Exit la surprise qui nous faisait nous trémousser comme une pucelle, à l’approche de la sortie.
Il y a peu de titres qui accrochent réellement la mélodie imparable, et il faut parfois s’y reprendre à plusieurs écoutes avant de dénicher la trouvaille sonore ou le jeu de batterie démonté par le groupe, sur les titres, susceptibles de nous émoustiller. D’ailleurs c’est une écoute au casque qui a sauvé l’album à mes oreilles, quand la richesse sonore, trop au second plan, parvient à se frayer un chemin à mes oreilles. Je comprends mal aussi les morceaux les moins réussis qui se plaquent quelque part entre les Bee Gees et Scissors Sisters, où le groupe applique son groove sur une inspiration que je trouve plus poussive que par le passé. You, le single mis en avant pour présenter le nouvel opus est à ce titre représentatif de l’air qui souffle sur le nouvel album: un rythme très midtempo, un mix qui place la voix bien en avant, et une production lisse comme un album de garbage.
Pas un échec, loin de là , mais pas non plus de quoi me prosterner à leur pieds comme j’avais envie de le faire par le passé. Dommage. D’autant – je l’ai dit – que dans l’ensemble on sent que le groupe se connait bien, et maîtrise son »son » comme seule sait le faire une entité soudée comme les doigts d’une main. Alors, je me fais à l’idée que ce nouvel opus n’est qu’un »low » dans la discographie d’un de mes groupes favoris, et que TV on the radio continuera à trouver la force et l’énergie créatrice qui manquent un peu sur la nouvelle galette. Parce que moi je veux de l’album qui me surprend avant de me prendre aux tripes. Pas l’étrange impression d’avoir déjà entendu cet album alors qu’il s’agit d’une première écoute, ni celle de m’être fait rouler. Mention AB avec un »peut mieux faire » dans la marge.
Denis Verloes
Date de sortie: 11 avril 2011
Label: Interscope / Polydor / Universal
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La critique de Dear Science
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