Comme la musique pop indé, la littérature fait aussi pas mal références ces derniers temps aux années 80. Si les groupes puisent leurs influences dans des vieux disques, les auteurs, eux, puisent plus simplement dans leurs souvenirs, dans ceux de leur jeunesse, avec souvent une certaine forme de nostalgie et surtout beaucoup d’humour… Parce qu’elles étaient drôles les 80’s ?
Pendant que Gaëlle Bantegnie se livrait, dans son roman « France 80 » à une sorte d’étude de moeurs, avec une description très précise des années 80, sur ce que pouvait être la manière de vivre et les habitudes des français moyens à cette époque, François Bégaudeau, lui, nous raconte ses souvenirs de vacances (vrai ou pas), et plus précisément cet été 1986 en Vendée, dans son village d’origine à Saint-Michel-en-l’Herm. Là -bas, du haut de ses 15 ans, entre balades en mobylette et bal du 14 juillet, en compagnie de quelques copains, il se met en quête de trouver la fille avec laquelle il va enfin pouvoir le faire.
Roman assez bavard (mais pas au sens péjoratif du terme, plutôt un bon bavard, celui qui a toujours quelque chose de marrant ou d’intéressant à raconter), La blessure, la vraie évoque les films de Pascal Thomas (« Les Maris, les Femmes, les Amants » « Pleure pas la bouche pleine » « les zozos ») autant que le « Goudard » de Gibrat et Berroyer et plus généralement tout ce qui parle de vacances, selon le point de vue des jeunes, avec beaucoup de sincérité, de dérision et de justesse.
Comme toutes ces oeuvres que l’on aime voir et revoir, le roman de François Bégaudeau n’échappe pas à la règle, égrainant moult souvenirs liés à une époque, ici l’année 1985, citant des noms ou des objets vintage et faisant surtout référence aux tubes de ces année-là , à travers des bouts de refrains que personne n’a oubliés.
Plein de dérision, jamais très grave, sautant du coq à l’âne, parlant de tout et de rien, ce roman se révèle être assez jubilatoire et constituera forcément une jolie Madeleine de Proust pour peu que vous soyez né à la même époque que l’auteur.
Benoit Richard