Louis est un jeune eurasien qui vit seule avec sa mère. Enfant solitaire et peu causant, il est souvent victime des moqueries à l’école. Mais ce qui le tracasse le plus, c’est l’absence de son père dont il ne sait rien et au sujet duquel il se pose beaucoup de questions. Pour tromper la solitude de son fils, sa mère lui offre un canari avec lequel il se met à parler et à évoquer ce père absent qui hante ses jours et ses nuits.
Inspiré par son histoire personnelle, et plus précisément par celle de sa famille, Loo Hui Phang aborde à travers ce récit intimiste la guerre civile au Cambodge et terreur instaurée par les Khmers Rouges dans les années 70/80. Sans aborder de front cette page terrible de l’histoire de ce pays, les deux auteurs préfèrent évoquer ce drame à travers la personnalité de Louis et de sa famille, avec les non-dits et les secrets qui pèsent sur eux. La présence du canari permet à l’enfant de canaliser son angoisse et de roser des passages oniriques plutôt réussis.
Touchant mais sans pathos, et surtout avec une infinie douceur, Michaël Sterckeman & Loo Hui Phang signent un premier tome fort réussi décrivant parfaitement et nous faisant bien ressentir le mal-être de cet enfant conforté à sa solitude et à ses interrogations. La suite et fin de cette série est du coup très attendue et devrait nous révéler enfin quel destin a pu connaître ce père absent »même si on a déjà une petite idée sur la question.
Benoit Richard
Cent mille journées de prières 1. Livre premier
Scénario : Loo Hui Phang
Dessin : Michaël Sterckeman
Editeur : Futuropolis
120 pages N&B – 20€¬
Parution : mai 2011