Mince de mince de mince, à force de tout écouter en MP3 et de ne jamais plus chérir de réel objet discographique dans les mains, j’ai complètement oublié de vous parler de l’album qui a enthousiasmé mon début d’été, et dont je me doute que désormais vous connaissez quant à vous tous les rouages (pas mon été, hein l’album). Daniele Luppi s’associe à Danger Mouse pour un Rome de haute volée et un des albums les plus enthousiasmants de l’année.
Si vous êtes passé à côté de cette perle, on va dire que ma critique en retard vous servira d’excuse pour faire le bonheur de votre pourvoyeur habituel de sons. Courez les yeux fermés. Voici un album qui ravira autant l’amateur de rock que de pop, le fan de folk que l’adorateur de western spaghetti et d’une certaine imagerie cinéphilique à l’italienne.
Après nous avoir démontré en 2010 qu’il était capable de régner sur la pop autant que sur la production d’album plus électroniques avec son projet Broken Bells mené de concert avec la tête pensant des Shins, Brian Burton aka Danger Mouse, s’associe au compositeur Daniele Luppi régional de l’étape pour recréer un imaginaire de pop à l’italienne mâtinée de Sophia Loren, de Gina Lolobrigida, de Lucio Battisti, d’Ennio Morricone et de Fellini. (Etrange d’ailleurs cette vogue en 2011 qui de Aeroplane à Housse de racket plonge dans ces univers italiens ; m’est avis qu’un jour un musicologue étendra ces recherches sur cette curieuse concordance des temps).
Le Dj et le compositeur décident de travailler à l’ancienne, réunissent des musiciens dont certains ont réellement travaillé sur les films de Sergio Leone (cf. entre autres Edda dell Orso, soprano, qui a dramatisé la bande son de » le bon la brute et le truand). Le duo pensant travaille sur bandes avec du matériel vintage. Avec une idée en tête : faire revivre et moderniser l’imagerie 60.’s 70.’s de l’Italie musicale. Et quand on s’appelle Danger Mouse, qu’on a à son palmarès du Gorillaz, du the good the bad and the queen et du Broken Bells, le résultat est d’une limpidité telle qu’il apparait facile alors qu’on imagine un travail de titan pour contenir la forme et la méthode du passé dans un album qui JAMAIS, ne semble ni une redite, ni un hommage copiste au passé.
Hors du temps, hors des modes, Rome est un album référencé qui ne cède jamais à la facilité de la citation. Il est moderne, classieux. Il sent la sueur, mais jamais je ne le classerais » intello » comme quand je ne sais pas quoi dire d’un album écrasé par son concept. Rome étonne par la simplicité de son résultat au vu de la contrainte que se sont imposés les musiciens, et est un bonheur de classe romantique et universelle aux oreilles de celui qui s’y plonge.
Pour parfaire le tableau qui se satisfait déjà très bien comme ça de sa réussite, en plus des arrangements chics et classiques, Burton et Luppi s’octroient le plaisir d’associer au tableau deux locomotives des charts qui chacun de leur côté ont donné des side project faisant une large part à leur côté cowboy : Norah Jones et Jack White. Les deux prêtent leur timbre si immédiatement reconnaissable, mais ici sans une once de cabotinage, à un album déjà réussi, comme ces danseuses de French cancan qui apparaissent toujours sortant d’un gâteau dans un album de Lucky Luke.
Rome passe et repasse entre mes oreilles depuis mai 2011, et je dois reconnaître que ne point jamais une seule pointe de lassitude. Simple. Classe. Parfait.
Denis Verloes.
Date de sortie: 16 mai 2011
Label: EMI France
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