Depuis une trentaine de films, le cinéaste Philippe Garrel articule son oeuvre autour de trois thématiques principales, : la rupture sentimentale, les drogues et la fin des idéaux politiques avec en corollaire le regard nostalgique sur la jeunesse contestataire des années 60. Artiste expérimental et absolutiste, il a réuni autour de ses films une kyrielle d’actrices inspiratrices très †˜underground’ (à l’instar de sa compagne Nico) et des acteurs alter ego. C.’est son fils Louis qui endosse dorénavant cet emploi, il fut à l’affiche des Amants réguliers en 2005, puis de La Frontière de l’aube trois ans plus tard. En 2011, le réalisateur laisse de côté Paris, et le noir et blanc, mais n’abandonne ni son fils ni son père Maurice – qui offre d’ailleurs à Un été brûlantsa plus belle séquence. Et pas davantage ses préoccupations, : situé à Rome, le film ausculte plus qu’il n’analyse le délitement d’un couple marié, formé d’Angèle, une artiste italienne en vue et de Frédéric, un peintre français. La chronologie funeste de la désagrégation – l’issue en est révélée dès les premiers plans – est relatée en voix off par Paul, ami de Frédéric et compagnon d’Elisabeth.
Hormis la mise en parallèle des deux histoires d’amour, mouvementées et chaotiques, la beauté de quelques plans baignés par la lumière romaine, il faut ici avouer qu’Un été brûlant déçoit beaucoup. Trop d’artifice et de pose empêche la moindre compassion pour le chagrin de Frédéric. La voix off de Paul relate les étapes de la séparation annoncée de manière lénifiante et plate au possible. Les considérations vaguement politiques des deux amis sur la nécessité d’une révolution sonnent tout aussi creux. D.’abord paradoxal, l’ancrage dans un milieu bourgeois et tellement prévisible et balisé devient de la part du réalisateur de Liberté, la nuit une erreur, une faute de goût impardonnable au vu du manque de distanciation et d’ironie. Tout ceci est prodigieusement agaçant, affecté et maniéré, mais pire encore transpire le vide et le banal.
Sur le thème de l’effritement de l’amour, thème ô combien intemporel et universel, on nous pardonnera de préférer une fois encore Les Bien-aimés de Christophe Honoré, qui en comparaison, perdrait son statut branché et parisianiste et ferait presque figure de cinéaste provincial. C.’est dire l’insipidité et la vacuité du dernier long-métrage de Philippe Garrel, que nous considérerons jusqu’à preuve du contraire comme un mauvais pas.
Patrick Braganti
Un été brûlant
Comédie dramatique française de Philippe Garrel
Sortie : 28 septembre 2011
Durée : 1h35
Avec Monica Belucci, Louis Garrel, Céline Sallette, Jérôme Robart,…
La bande-annonce :