Les Canadiens reviennent déjà avec un deuxième album., Une folk à fleur de peau, solidement charpentée et plus moderne qu’elle n’y paraît.
Rappel des faits : Siskiyou est un groupe formé autour de Colin Huebert et Erick Arnesen, ancien et actuel membre de Great Lake Swimmer., Il y a à peine un an, les Canadiens avaient déjà sorti un premier album, ils récidivent aujourd’hui : les chansons écrites avec le coeur doivent s’écrire vite, comme une évidence, comme un besoin impérieux. Siskiyou appartient à cette grande tradition de songwriter folk, créant des ambiances boisées autour d’une voix et d’un texte chantés d’une émotion à fleur de peau. La voix d’une sensibilité folle d’écorché fait penser à Neil Young et ce n’est donc pas pour rien que Siskiyou reprend de fort belle manière (avec banjo et mélodica) Revolution blues de la légende Canadienne.
Par une écoute distraite, on peut se tromper fortement sur le compte de Keep away the Dead, en ne voyant dans cet album qu’un disque de folk classique et un peu pépère. C’est parfois doublement le cas et dans le genre, le groupe ne démérite pas (Dear old Friend, sing me to sleep). Mais de manière plus intéressante, le groupe s’affranchit de cette tradition séculaire. Pour cela, Siskiyou ne manque pas d’idées.
Dès lors, un bouquet de cuivres vient mettre , aussi son grain de sel emportant la musique dans une folie salvatrice (Twigs and Stones). De manière moins sensationnelle, les morceaux souvent arides à leur début se remplissent petit à petit d’instruments et deviennent de vrais moments pastoraux., Avec Siskiyou, rien n’est figé et la folk ne coule pas de source. Sur quelques titres, derrière la mélodie, la voix et la guitare acoustique réglementaire, le groupe installe en filigrane un climat composé de guitares aux effets vaporeux du slowcore : dans ces moments là , les Canadiens se rapprochent d’Idaho (le groupe, pas l’Etat), ce qui n’était pas évident en premier lieu. Ainsi, , Where does that leave me, se drape dans une , mélancolie sereine, Dead Right now étonne par sa beauté minérale ; le magnifique, So Cold, commence à disparaître dans l’abstraction restant en phase avec la réalité seulement par le chant., Le morceau-titre révèle un groupe plus électrique proche d’un Pixies en gestation qui ne demande pas mieux qu’à exploser. Et que dire de Not The Kind dont la mélodie fragile émerge d’une électronique mesurée mais vibrante. A la fois fédérateur avec sa mélodie séduisante et franchement barré, Fiery death finit de révéler un groupe totalement libre de faire ce que bon lui semble.
Ceux, qu’on a tendance à placer entre Arcade Fire et Bon Iver, ont de quoi , être aimés pour eux mêmes.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 3 octobre 2011
Label / Distributeur : Constellation / Differ-ant
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Chouette de lire un article intéressant sur ce très bon groupe et ce très bel album, qui cache des pierres précieuses sous son dehors rude et sec. ça se mérite. Et la voix est singulière et accroche.