Pas facile d’entrer dans le nouvel album de Mina May., Pourtant, les Toulonnais évoquent carrément, Radiohead, Brian Eno, ou des Doors sous acide. Riche mais parfois un peu vain.
La musique des Toulonnais est à l’image de la voix de leur chanteur, particulière et non consensuelle : le timbre de Flashing Teeth (quel pseudo) rappelle en effet , Roger Hodgson de Supertramp. Etrangement aigue à la limite du déraillement, cette voix ne fera sans doute pas l’unanimité. Tant mieux., Everything was beautiful and nothing hurt est un album ambitieux. Même aujourd’hui alors que les groupes Français n’ont plus rien à envier à leurs homologues anglo-saxons, on ne tombe que rarement sur un album porteur d’une telle vision artistique. Mina May n’est pas novice en la matière : 10 ans d’existence et un excellent premier album dans l’escarcelle, de quoi rendre crédible et possible la création d’une grande oeuvre. Pourtant si tout est en place pour la réussir et proposer une musique riche et passionnante, le groupe bute néanmoins sur l’essentiel, celui d’arriver à proposer des titres qui accrochent toujours l’oreille. Dur de ne pas être bluffé par la rythmique agile de cascadeur New Flesh for all mais une fois le climat installé qu’en reste-il si ce n’est la simple expression du talent de Mina May. Il manque un petit quelque chose au niveau de la mélodie pour totalement adhérer au morceau. Idem pour le péchu mais paresseux, Think Twice. Idem pour Visitor sorte de trou noir kraut rock aspirant toute particule de matière sur son passage. , Idem pour le spatial Rising Sun qui devient vite géostationnaire.
Peut-être leur en demande-t-on beaucoup mais sur son premier album, Mina May avait réussi à concilier mélodie identifiable et grande vision musicale (Entry Remembrance). Et puis, leur équivalent au nord, Porcelain, l’a aussi réussi sur le brûlant Tambourine., Il y a les albums qui cherchent à tout prix à dégager des singles et les autres qui veulent s’appréhender comme une entité à part entière : Everything was beautiful and nothing hurt appartient totalement à cette deuxième catégorie où chaque titre obéit à une savante mise en son (comme on dirait »mise en scène ») dans une alchimie d’arrangements audacieux. Pourtant, les références de Mina May sont légions, le groupe amalgamant celles-ci dans un génial exercice post-moderne. Les Toulonnais avouent une préférence pour toutes les musiques hallucinogènes : de la spirale Doors-ienne sur Not Really no aux , expérimentations électroniques de Brian Eno en passant par le kraut-rock, ses rythmiques métronomiques et ses motifs hypnotiques (after the storm). , A l’instar de Radiohead, Mina May arrive à inclure ses synthés vintage et ce goût pour l’expérimentation dans des titres d’obédience rock. Le groupe en a l’énergie et la puissance (think twice, titre le plus direct du disque). A ce titre, The Seven Spirits est peut-être le meilleur morceau du disque, celui qui arrive le mieux à concilier forme et fond, mélodie séduisante et écrin recherché.
Donc dans ce nouvel album, contrairement à ce qui est dit, tout n’est pas beau et certaines choses font mal. , Mais il y a là un potentiel incroyable qui ne demande qu’à être encore plus valorisé. Next time, guys, ?
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 15 novembre 2011
Label / Distributeur, : Pacinist / Almost musique
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