Death in Vegas, ressuscite par le seule volonté de Richard Fearless. Transgenre, ce nouvel opus ressemble à une remontée acide.,
Les dernières nouvelles discographiques de Death in Vegas dataient de 2004 et depuis lors, plus rien. , On savait que Richard Fearless était parti vivre à New York où il avait fondé Black Acid. Le voici donc de retour, sans son acolyte Tim Holmes, pour réactiver le vaisseau.
Death in Vegas reste fidèle à sa réputation et sa définition toute personnelle du crossover entre rock, techno et dub. C’est encore le cas ici, notamment avec Lightning Bolt qui ressemble à du Joy Divison faisant du dub. Pourtant il y a bien du nouveau dans ce cinquième album qui peut apparaître comme le plus radical de son auteur. Comme si Fearless, déjà conforme à son patronyme, avait encore moins peur de se livrer. D’ailleurs l’album commence sur la pointe des pieds dans un dépouillement inédit chez Death in Vegas avec une longue complainte à la musique maigrelette (Silver Time Machine). Cette mise en bouche toute en retenue, nous endormirait presque mais c’est pour mieux nous faire vivre le vrai choc que constitue le morceau suivant, un Black Hole aux guitares crasseuses que n’aurait pas renier les Stooges. Et avec Your Loft my Acid, le morceau d’après, Death in Vegas redevient le groupe électro que l’on connaît dans une virée acide qui ressemble à un bad trip.
La seule invité de Trans-Love Energies réside en la présence vocale sur quelques titres de Katie Stelmanis la chanteuse d’Austra. On a connu Fearless plus sociable collaborant sur le seul Contino Sessions avec Dot Allison, Iggy Pop, Bobby Gillespie de Primal Scream, Jim Reid de Jesus and The Mary Chain. Mais la présence de Stelmanis n’est pas anecdotique, sur deux titres, son timbre à la Liz Frazer donne un peu d’humanité à un album qui brille par sa froideur.
Trans-Love Energies a le synthé triste et un titre comme witchdance, mené par la voix de Stelmanis, a beau être dansant, il semble avant tout désincarné, déshumanisé. On pouvait parfois accuser Death in Vegas d’opportunisme ; avec ce dernier album, Fearless ne craint pas de proposer des morceaux moins immédiats, moins racoleurs. Il y a bien, Scissors et Coum, tendance électronica pop allemande – et donc relativement légers – mais même là , la voix de Fearless semble disparaître dans les limbes., Et encore ce n’est pas l’essentiel: , Drone Reich et Savage Love sont des instrumentaux distillant le même genre de froideur fluide que Tangerine Dream. Des musiques synthétiques créant des lignes, arpentant un terrain et créant un espace déshumanisé. Un peu comme le héros de Drive sillonnant la ville à bord de sa voiture…Trans-Love Energies est finalement un voyage tout personnel qui se termine dans l’abstraction, loin de la hype et des modes. Mais attention, , en fin de parcours, Fearless lève un mur de guitare. La bête vit encore…Tant mieux.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 27 septembre 2011
Label : Portobello Bones / Differ-ant
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