Avec Red Sugar, Winter Family propose plus qu’un album de musique, : , une installation sonore ? Une poésie funèbre ? Une réflexion mémorielle sublimée par l’Art ?, Un peu tout ça … mais surtout un disque habité.
Red Sugar est bâti sur un schéma faussement simple. Un chant-parlé hanté plus proche de la poésie, que de la chanson et derrière une musique souvent maigrelette, essentiellement autour de nappes de claviers, d’harmonium ou de piano. Cette rencontre pourra, rappeler le travail effectué par Patti Smith avec le romancier Nick Tosches,, ou d’une Nico, à l’ère des drones (Searching Donkeys et son tapis d’orgue, Red Sugar et ses sombres, variations électroniques). Ici, les cris de douleurs de l’interprète enfin poussés, deviennent un cri primal électronique (Dancing in the sun). Ici les ambiances cabaret ou musique de chambre (le plus, joli Dead End) , prennent des allures »fin de siècle » et Winter Family fait figure de survivant d’un monde dévasté.
Les notes biographiques peuvent nous mettre sur la voie du pourquoi et du comment. Basé à New York, Winter Family se compose du Français Xavier Kleine, et de l’Israélienne Ruth Rosenthal. Le duo, est marqué à vie par la violence du monde passée et, présente., Si cela peut être mis sur le compte de l’hébréité de Ruth et ce ressenti au niveau de l’épiderme qu’elle peut avoir sur la Shoah (sur le précédent album du duo, il y avait un titre qui s’appelait Auschwitz) et sur la situation politique dans le Moyen-Orient, cet argument ne peut être que réducteur. Sur Red Sugar, il y a aussi Omaha, un titre sur le débarquement des soldats en Normandie où les sons électroniques et la voix trafiquée remplace les bombes et les balles. Winter Family est un réceptacle qui se nourrit de la violence née de la guerre, de la politique, de la religion., L’album est parsemé de samples qui peuvent aller de cloches associés à une voix de muezzin ou, à un discours d’un politique américain.
A la manière de Terrence Malick sur la Ligne Rouge, le duo prend le temps d’admirer la beauté du ciel qui, même en temps de guerre, reste ce qu’elle est (Indigo Sky, beau comme une berceuse ou Shooting Stars et son ambiance cabaret nocturne). Et puis, il y a l’espoir généré par l’Art qui permet de sublimer la douleur ;, la poésie et la musique qui permettent néanmoins de croire encore en l’homme et qui trouvent en Winter Family un bel écho.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 14 septembre 2011
Label / Distributeur : Sub Rosa / Ici d’ailleurs / Differ-ant