Premier tome de la trilogie murakamienne : du concentré de japonitude au service d’un univers romanesque puissant et envoûtant.
Difficile de parler de ce roman. D.’abord il ne faut pas, contrairement à tous les articles de presse que j’ai pu lire, en dire trop sur l’intrigue qui se construit comme un puzzle qui, lentement, laisserait apparaître des formes aux contours flous. Ensuite… et bien je pense que je suis incapable de résumer ces 500 pages en quelques lignes. Des portes s’ouvrent, se referment, des liens se tissent mais tout semble encore en suspension.
Deux histoires en parallèle. Celle de Tengo, jeune professeur de mathématiques et écrivain débutant qui rencontre, par le biais d’un éditeur, une étrange jeune fille, auteur présumé d’un roman fantastique qui pourrait bien se transformer en best-seller. Et l’histoire d’Aomamé, jeune femme pleine de ressources (je n’en dis pas plus) qui découvre lentement que l’univers familier qu’elle pensait connaître a subi, sans qu’elle s’en aperçoive, des modifications. Les deux histoires se croisent en se frôlant, le temps d’un souffle ou d’un regard mais semblent en même temps appartenir à deux univers différents.
» Dans la forêt romanesque, quelle que soit la clarté qui relie entre eux les événements, une réponse claire ne vous est jamais offerte » (p. 314)
Pas de réponses, beaucoup de Questions (héhé ») et surtout une ambiance envoûtante où l’on passe de l’étonnement à la peur. Beaucoup de sexualité également, parfois terriblement vénéneuse. Les références à ORWELL sont là , bien évidemment, mais pas là où on les attendrait. Bref, le monde de 1Q84 est tendu, tranquille et incertain, familier et inconnu, et nous fait passer de l’autre côté du miroir, faisant de son inventeur le plus symboliste des écrivains contemporains.
J.’ai déjà le deuxième tome sous la main (il fallait s’y attendre) mais, et c’est assez rare pour être souligné, je vais tenter de résister à la terrible envie de m’y jeter de suite, parce que le troisième volume ne sortira qu’en mars 2012″
Voyelle & Consonne
VoyeRéférence :
1Q84, Livre 1 – Avril-Juin, Haruki MURAKAMI, traduit du japonais par Hélène Morita, Belfond, 2011
Article initialement paru sur Voyelle et Consonne