Youth Lagoon – The Year of Hibernation

Plonger tête la première dans un lagon en cette période frisquette, ça vous tente? C’est pourtant ce que nous propose avec un brin d’insolence Youth Lagoon, la révélation du moment qui a tous les atouts pour être une vraie sensation dans les prochains mois et années.

Pseudo étrange qui sonne comme un curieux mélange entre le Black Lagoon de la créature années 50 du même nom et nos vieux amis de Sonic Youth… Photos zarbies qu’on pourrait croire tiré d’un film inédit de David Lynch… Et surtout musique vaporeuse entre lo-fi sonore et indie pop songs coconneuses. Derrière Youth Lagoon se cache en fait un »one man band » Trevor Powers, jeunot de 22 ans venu de l’Idaho, planqué derrière ses chansons bricolées comme un spationaute isolé dans une navette spatiale oubliée. Ou un ermite adolescent transformant son isolement par la magie des claviers en pépites musicales.

Troublant album qui, à  peine débuté, sonne comme très vite familier (dans le bon sens du terme) entre minimalisme à  la The xx et échos réverbérés de shoegaze intimiste ou dream pop aérienne de la meilleure new wave (évident sur Afternoon ou Daydream).

Ainsi, nulle surprise en apprenant que l’historique Treasure de nos, Cocteau Twins préférés est le disque fétiche de notre musicien introspectif. Une raison imparable pour s’enticher de ce nouveau venu, même si la musique des illustres écossais ne ressemble pas tout à  fait à  celle de ce nouveau venu. Qui, bien que pratiquant un revival indie fort couru ces derniers temps, emporte la conviction par le minimalisme sonore de son univers musical épuré.

Et aussi, par la beauté floue de ses chansons de poche, aux qualités mélodiques – les sifflotements irrésistibles d’Afternoon – qu’on découvre vite sous la petite carapace sonore que s’est construite l’oiseau (production saturée, voix fêlée, guitare désolées) qui confère son identité musicale touchante jusque dans ses partis-pris, entre eighties revisitées et home studio fissuré.

Bel album surprise de cette fin d’année, cette »année d’hibernation » devient rapidement un compagnon d’hiver idéal qui devrait bousculer pas mal les tops et listes de cette fin d’année. Voisin des vagabondages en solo de Bradford Cox quand il s’appelle Atlas Sound, des rêveries néo-eighties de John Maus ou de Part Time, un disque-journal de bord d’évidence très intime pour son auteur, tellement accueillant et immédiat qu’il est vite devenu le nôtre, enfin le mien !

Pour finir, comment mieux vous donner envie de l’écouter sans tarder qu’en vous conseillant, vous ordonnant, de poser une oreille sur, Montana, déjà  une des plus belles chansons de l’année ?

Franck Rousselot

Youth LagoonThe Year of Hibernation
Label : Fat Possum Records
Sortie, 27 septembre 2011

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