Le sud-coréen Hong Sang-soo, comparé hâtivement et incorrectement à Rohmer, tout au long d’une carrière déjà bien remplie – il a à son actif une douzaine de films depuis 1996 – a tissé des histoires de désillusions, de triangles amoureux et de marivaudages, traversées par les figures récurrentes d’artistes, le plus souvent des cinéastes, affichant un penchant avoué pour l’alcool. Chez le réalisateur de Hahaha – son précédent opus sorti en début d’année – les séquences de sexe sont rares et filmées de manière très pudique alors que prolifèrent les longs échanges entrecoupés de rasades de bière ou d’alcool de grain, la boisson nationale.
La livraison de cet hiver s’articule une fois encore autour d’un trio formé par un professeur et deux étudiants, une fille et un garçon. Le présent opus, de quatre-vingts minutes est divisé en quatre parties, jouées par les mêmes acteurs interprétant dans des temporalités différentes des rôles pas tout à fait similaires – la nuance souvent infime fait toute la saveur du dispositif. S.’il y est pas mal question de cinéma – le jeune homme est un apprenti réalisateur dont les courts-métrages sont montrés lors d’un festival – c’est avant tout la complication des relations amoureuses qui est ici abordée. Oki.’s Movie, qui est le prénom de la jeune étudiante qui cristallise les attentions de son collègue et de son professeur et qui est aussi le titre de la quatrième partie, est plein de charme et de drôlerie et on suit les différentes péripéties avec beaucoup de plaisir sans qu’il soit nécessaire d’en comprendre tous les tenants et aboutissants. Le film d’Oki, mettant en parallèle ses relations à un an d’intervalle avec le professeur, puis l’étudiant, est un petit bijou de construction et de montage, qui suffit à résumer la situation épineuse et ambigüe dans laquelle la jeune fille se trouve.
Hong Sang-soo renforce avec Oki.’s Movie l’oeuvre qu’il s’entend à échafauder depuis une quinzaine d’années avec constance. Mais il serait erroné d’y voir toujours le même film. Ce sont les subtiles variations, l’évolution lente mais inexorable vers plus de sérénité qui, guidant les personnages du réalisateur, représentants d’une jeunesse cultivée, mais égarée à la recherche de repères, indiquent que rien n’est figé chez ce dernier, qui prouve sans ostentation qu’il est aussi capable d’imprimer un tournant davantage radical, voire expérimental, à son cinéma.
Patrick Braganti
Oki’s Movie
Comédie dramatique sud-coréenne de Hong Sang-soo
Sortie : 7 décembre 2011
Durée : 01h20
Avec Lee Sun-kyun, Yu mi Jeong, Sung-Keun Moon,…
Bonjour,
Je travaille pour le magazine Le Film français. Nous allons organiser en début d’année prochaine un événement autour du cinéma. Pour envoyer une invitation à l’équipe de votre site, nous aurions besoin des coordonnées des contributeurs. Pourriez-vous me les faire parvenir ?
Vous pouvez me joindre à l’adresse indiquée dans les renseignements.
Bien cordialement, Florent.