Paru juste avant l’été par une maison de disque bien au fait des recettes estivales, l’album des Californiens Foster the people est à l’exact point de rencontre entre la surf musique et la modernité technologique.
Je sais mon liminaire sonne un peu comme un poncif éculé. Pourtant la bande à Mark Foster fait redoutablement penser à un exact carrefour entre la tradition surf des Beach Boys (si, même que le groupe n’est pas avare en wouhouuuu ouuuu ouuuuu, et ça compte le wouhouuuuu ouuuuu oouuuuuu en musique californienne), la tradition pop de plage enlevée façon the Thrills, les envolées psyché des sixties relues par un Dandy Warhols par exemple et ma jeunesse électro.
Ok tu vas me le faire dire lecteur ». Une version ensoleillée et moins chimique des MGMT du premier album, parfois plus électronique aussi. Orienté uniquement pop et habile dans l’enfilement de tubes radiophoniques pas toujours aussi évidents qu’il n’y parait de prime abord.
Je sais quand un titre rock est efficace en pop quand j’entends ma fille fredonner un titre en yaourt. Et j’avoue qu’elle chantait Pumped up kicks avant même que je n’aie entendu quant à moi parler du groupe. Je lui rends grâce. Elle a bon goût. Je ne pense pas forcément que l’album ait vocation à s’inscrire dans la grande histoire du rock dont le fils de Michka Assayas écrira le dictionnaire, mais j’avoue bien volontiers que chacun des dix titres qui composent torches est la bande son de vacances au soleil. Toutes font onduler du corps en ayant envie de siroter un mojito ou un Courvoisier coca en bermuda sur la plage. Et c’est assez rare qu’un disque comporte 10 titres qu’on a réellement envie d’écouter ces derniers temps, pour que je le signale.
Torches ce sont 10 pop songs construites comme des pop songs, soit avec un pouvoir d’adhésion par les foules et les radios, totalement évident.
Musicalement, le groupe dispose d’une facilité mélodique déconcertante qui place implacablement chacun des titres dans la caboche pour venir la hanter pendant des heures (héhé je vais me vanger en vous mettant un embed youtube en bas d’article). Deux ingrédients sont la signature de Foster the people. La guitare electro acoustique qui rythme les couplets, et l’effet réverbération sur l’ensemble du disque qui tend à lui donner un effet de vague, de grand messe mystique. Sur cette base, FTP plaque un chant assez haut perché et juvénile qui s’apprend sans peine, une guitare bruitiste qui s’invite au cours de la chanson très dansante, et quelques trouvailles en matière de loop ou de clavier qui feront le bonheur des remixeurs (il y a quelques remixes déjà qui ont inspiré et inspirent des artistes de tout poil. Cf ci-dessous). FTP pratique la pop mais convoque nos pulsions dansatoires en toute simplicité. La production et surtout le mix aux petits oignons conforte cette option et souvent je me suis demandé si la batterie n’était pas une boîte à rythme tant elle use du charlé pour maintenir une certaine rythmique (en général apanage du funk).
Alors oui, le lissage global du disque, son manque de fracture ou de défaut apparent lui donne un aspect plus industriel que manufacturé. C.’est le seul reproche que je lui trouve. Ca et son côté vite consommé, propre à l’industrie.
Pourtant, quand je me retourne sur l’année écoulée, je ne vois guère de » super groupe » produit par un gros label qui rassemble en un seul lieu et disque autant de potentiel radiophonique, autant d’évidence à nous envoyer sur la piste de danse au mariage du grand cousin, et qui puisse satisfaire par sa méthode autant l’amateur d’indé que le spectateur de MTV.
Et puis rien que pour le plaisir de voir mon petit bout de femme se trémousser sur cette histoire de gamin cowboy prêt à en découdre avec la jeunesse aux coup de pied à pompes, je suis prêt à écouter Torches en boucle pour des mois encore.
Denis Verloes
Date de sortie: octobre 2011
Label: Columbia / Sonymusic
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