Je ne parviens pas à me défaire d’une image. Pour moi, Jean-Louis Murat c’est le copain de Charles Ingalls dans la série de notre jeunesse. Le monsieur bourru qui vit un peu seul à l’écart caché dans sa barbe et sa solitude. Sauf que »Sauf que Murat n’habite pas Walnut Grove, mais Haut Arverne, que le bonhomme ne porte pas la barbe, et qu’à priori il vit dans la douce chaleur des siens. Reste le côté bourru. Murat est bourru.
On est devenu avec le temps habitué, voire blasé de ses sorties discographiques quasi annuelles. On y cherche finalement plus tant la nouveauté que les variations sur le même thème et les différences dans la palette Pantone musicale de l’Auvergnat. Oui c’est vrai des fois je me demande qui achète album après album les saillies enregistrées du musicien. Mais j’ avoue prendre un plaisir égal à chacune de ses sorties, parfois bien en peine que je suis, pourtant, de classer les albums de Murat sur une échelle allant du assez bien au très bien, sans plus jamais être génial, à mon humble avis, depuis Mustango (oui je sais ça fait une paye).
Le nouvel opus fait honneur au musicien ET au parolier. Musicalement, Murat s’est une fois encore entouré de zicos en provenance de Memphis Tennessee qui ravivent le côté cowboy auquel Jean Louis Murat nous a habitué à une époque. Et qui pour le coup accroissent l’énergie du disque qui réveille la flamme que j’éprouve de loin en loin pour le bonhomme. La guitare est souvent mise en évidence dans le mix, juste dessous le chant qui reste préhéminant, mais qui se fait une place quasi country entre basse et batterie, dans la hiérarchie instrumentale de ce Grand lièvre.
Sans pitié pour le cheval est sans doute mon morceau préféré du disque. Subtil mélange de rock, de folk, d’atmosphère et de français signifiant (parce que oui, en core souvent Murat préfère le son au sens dans sa musique et il faut parfois garder un livret à portée de mains pour savoir quelles sont les thématiques, les mots qu’il fait s’entrechoquer.).
Grand lièvre est globalement d’ailleurs plus signifiant, rassemblé autour d’une thématique qui verra s’opposer les anciens et les modernes, la région et la ville, la vie simple et la vie moderne, la nature et la technologie. Vendre les prés rappelle le Zola de la Terre. Est- ce la faute des photos de presse, mais du coup on voit bien Murat jouer de la folk à côté d’une cascade ou d’un cratère rempli par les eaux séculaires qui y ont établi leur puits. Les mots psalmodiés parfois sans mélodie par le bonhomme évoquent la nature, les vies, les destins, les saisons.
Impeccable dans sa réalisation Grand Lièvre est un moment de totale immersion dans le mot, dans l’impression. Murat est le seul chanteur français impressionniste, mais si je le trouve trop prolifique pour démêler toujours le bon grain de l’ivraie. Grand lièvre est aussi un disque de musicien. On sent qu’il aime jouer de la guitare, dans un studio que j’imagine en prise directe, tout le monde assis sur son ampli au milieu de la salle d’enregistrement commune. Les arrangements sont soignés, parfois même surprenant pour ce faiseur à l’ancienne. La mécanique musicale parfaite. Grand lièvre est un disque construit à l’ancienne. Tout le monde sait tirer le meilleur de son instrument. C.’est rare encore les albums bien foutus où on se rappelle qu’il y a des hommes derrière les instruments.
Il me manque juste trois quatre chansons de la trempe de sans pitié pour le cheval ou vendre les prés pour que je tire plus de plaisir encore d’une nouvelle galette de Murat. Pour que Grand lièvre ne soit pas que agréable et bien foutu, mais tout simplement indispensable. Quoiqu’il en soit et malgré cette grosse lacune, grand lièvre transpire le VRAI, le réel, l’humain. Et rien que pour ça j’ai envie de l’aimer encore quelques temps.
Denis Verloes.
P-S: méa culpa en vous remerciant de votre vigilance M. Pierrot. Espérant que ceci répare cela
A la base, je voulais juste corriger une erreur : Point de musiciens de MEMPHIS »puisqu’il s’agit de son duo depuis Lilith »Fred jimenez, parisien suisse et depuis quelques mois,bassiste de JOjo hallyday »ce qui veut dire quand même quelque chose (faut dire qu’il avait commencé chez les as DRAGONS) »ET LE BATTEUR Stéphane Reynaud, haut-savoyard »
Date de sortie: 26 septembre 2011
Label: V2 / Universal
Plus+
Le site officiel de Murat
La critique du cours ordinaire des choses
Le clip de Vendre les prés
Merci pour ce bel article que je vais partager sur surjeanlouismurat com… même si je préfère moi « qu’est-ce que ça veut dire »… et « le coureur espagnol », les lettres de la pampa… et… et… enfin soit, j’aime beaucoup grand lièvre… A la base, je voulais juste corriger une erreur : Point de musiciens de MEMPHIS… puisqu’il s’agit de son duo depuis Lilith… Fred jimenez, parisien suisse et depuis quelques mois,bassiste de JOjo hallyday… ce qui veut dire quand même quelque chose (faut dire qu’il avait commencé chez les as DRAGONS)… ET LE BATTEUR Stéphane Reynaud, haut-savoyard…