Tout d’abord, c’est par le nouveau film de Francis Ford Coppola que fut ouvert le bal de l’horreur, bal transformé au fil des ans en un festival du film plus policier ou mental que véritablement fantastique et d’épouvante. Twixt, ou le retour du maestro après son très beau Tetro, a laissé entrevoir un début assez tiède vu les commentaires plutôt hargneux des festivaliers, même si le film a trouvé quelques défenseurs.
Le président du Jury, Enki Bilal, entouré d’un casting de jurés très hétéroclites (pour ne pas dire trop, comme si les gros problèmes financiers du festival se retrouvaient jusque dans une sélection de membres du jury has-been), a eu cette affaire à une sélection en Compétition qui laissait à désirer puisqu’aucun des 8 films (mis à part Eva de Kike Maillo et Hell de Tim Fehlbaum, pas vus) n’a réussi à marquer qui que ce soit. Au mieux y a-t-on trouvé trois bons films. En revanche quelques magnifiques surprises étaient à trouver Hors Compétition (pour quelles raisons la qualité des sections est-elle inversée? On l’ignore…).
L’année dernière était pour la Compétition un bien meilleur cru ; J’ai rencontré le diable faisant même partie des grands films de l’année 2011, et par ailleurs souvent retrouvé dans les TOP de fin d’année. Bedevilled (Blood Island en dvd) qui pourtant avait reçu le Grand Prix, est sorti directement en dvd, alors que le film contenait de véritables qualités esthétiques et psychologiques. C’était le deuxième choc de la compétition, et donc le deuxième film sud-coréen de la sélection. Le palmarès reflétait ce triomphe ; les deux films se retrouvant gagnants haut la main.
La Corée du sud ne fut pas à l’honneur cette année, et on remarquera qu’une cinématographie d’épouvante ou de fantastique surfe pendant trois ans sur la tendance ; après l’heure de gloire japonaise, puis espagnole (REC, L’Orphelinat, et encore aujourd’hui quelques traces de ce succès par les grands cinéastes du genre), après celle des sud-coréens (cités à l’instant), c’est en ce moment le cinéma nordique qui semble tirer la couverture vers lui, outre le succès il y a trois ans de Morse dans ce festival. L’année dernière déjà , The troll hunter tentait le buzz (raté), et cette année la victoire au Palmarès de Babycall (Norvège), Grand Prix du jury, et de Beast (Danemark), Prix du jury ex-æquo avec La maison des ombres, nous le prouve plus que jamais.
NOTES SUR LES FILMS EN COMPETITION :
Hormis le film espagnol Eva, et le film allemand Hell que je n’ai pu voir, les six autres films de la compétition ne marquaient donc pas une étape décisive dans les sélections du festival, qui au contraire reposaient plutôt sur la qualité des sections parallèles ; seuls trois films sortaient un peu du lot et provoquaient une certaine sympathie.
Tout d’abord Pastorela, du mexicain Emilio Portes, film inattendu entre la farce religieuse et les délires de Alex de la Iglesia (période Le jour de la bête, par ailleurs primé ici-même à l’époque). Le film narre le casting d’une pièce de la nativité, symbole théâtral des fêtes religieuses mexicaines, dans laquelle s’affrontent l’Ange et le Diable. Et le film de porter cette bataille au-delà de la fiction en brossant le portrait d’un flic véreux qui veut être réengagé dans le rôle du Diable, cette année donné à une mauviette qui va en prendre pour son grade. Le film se déroule la plupart du temps avec les costumes de la pièce en question et créé un véritable décalage esthétique. Le sens de l’humour du cinéaste, qui oppose de manière absurde à cette histoire savoureusement manichéenne la fuite d’un zombie en pleine ville (ce dont tout le monde se fiche!), ainsi qu’un art consommé du mauvais goût concernant les caricatures des institutions catholiques mexicaines et des forces de l’ordre, tout cet humour se ressent avec un certain talent même si le rythme du film est souvent inégal. Mais la séquence finale est si délirante et la mise en scène tant contrôlée (ce qui est plutôt rare dans les petits délires comiques excessifs de ces cinéastes) que le film remporte l’adhésion tout en se plaçant comme le meilleur film de cette sélection.
La maison des ombres ensuite, film britannique de Nick Murphy, jolie fable de fantômes à la patine soignée. Le scénario est parfois trop démonstratif – notamment dans son final – mais la direction d’acteur et la dimension mélodramatique du film sont véritablement convaincantes. On peut saluer aussi la contribution artistique du film (décors, musique, photographie), qui lui donne une âme de cinéma populaire, ample et émouvante. Dommage alors que la créativité du film soit mise en sourdine au profit de références directes à L’Orphelinat ou encore Les Autres de Amenabar, mais sans jamais en tutoyer le génie.
Babycall de Pal Sletaune, grand gagnant de cette édition, fait aussi partie de ces films réussis mais trop impersonnels pour entièrement convaincre. Le cadre fait instantanément penser à Morse de Tomas Alfredson et les ambiances peinent à s’en détacher même s’il ne s’agit ici de rien d’autre qu’un drame rationnel autour d’une mère et son fils. On sait à peu près dès le début où le cinéaste veut en venir, et il est bien dommage que l’idée fascinante du babycall (ces appareils de sécurité qui relient par le son les parents à leur enfant d’une chambre à l’autre) disparaisse si vite. Les seconds rôles sont trop anecdotiques quant à eux, même s’ils permettent au personnage de Noomi Rapace de s’exprimer avec une belle profondeur. Le film convainc, séduit, touche parfois car il raconte les choses avec une certaine justesse mais jamais ne parvient-il à transcender l’imagerie d’exercice qu’il porte avec lui. Babycall sonne typiquement comme un beau film inabouti, charmant, pas franchement inoubliable.
Des mêmes contrées nordiques sévissait Beast du remarquable cinéaste danois Christoffer Boe. Malgré tout, cet essai esthétique et expérimental sur le thème de l’infection et de la possession passe à côté de son but, faute de clarté et de modestie ; la symbolique permanente du film bloque tout accès à la psychologie et à la simple compréhension du scénario. Le cinéaste enchaîne un amas de vignettes potentiellement jolies mais finalement souvent affreuses tant elles semblent faites pour acheter le public et le manipuler. L’acteur Nicolas Bro porte le film d’un bout à l’autre mais il ne suffit pas à calmer la surenchère prétentieuse de son cinéaste-psychanalyste-enfant gâté. Beast devient confuse bouillie, ignoble machine de festival qui, une fois de plus, prouve que l’essai et l’audace payent toujours, puisque le film est reparti avec un prix de consolation ; celui du Jury.
The Cat, seul film sud-coréen du festival, est apparu vers la fin du festival, et on comprend bien pourquoi ; décevant film de genre finalement bien sérieux autour d’un chat possédé par le fantôme d’une gamine (ou quelque chose comme ça), dont la seule étiquette de film sud-coréen a bien failli nous avoir tous! Sans humour, sans invention, le film avance avec mollesse jusqu’à un twist final comme un coup d’épée dans l’eau. Personnages sans charisme, montage anesthésié, sensation de claustrophobie bien vite évacuée (l’héroîne en souffre mais le film souffre de ne pas l’être). A mettre sur le compte de la vague réussite, un véritable sérieux technique qui illustre parfois quelques séquences avec un beau savoir-faire, malheureusement au service de pas grand-chose. Autant dire que c’est peu.
De très loin le pire film du festival, The Moth Diaries était pourtant un sérieux candidat dans cette molle compétition. Signé Mary Harron (réalisatrice de American Psycho), cette bluette pour midinette est en fait un sous-Twilight au rythme catastrophique, plombée par une mise en scène luttant tant bien que mal sous ses lumières léchées de film highschool pour raconter une histoire de pucelles étudiantes qui évoluent face à une jeune vampire au physique fascinant (le seul intérêt du film). Ce point de vue féminin que nous suivons donc (il n’y a que des actrices, dirigées par une femme), n’est rien d’autre que celui de la Femme et du passage à l’âge adulte comme il n’existe pas. Il ne se passe rien d’autre que de petites fêtes entre amies, craquant face à un ridicule prof de langue (et poète qui plus est). On se demande ce qu’est venu faire ce film dans un Festival dont la thématique semble être à peu près l’opposé de ce qu’il raconte sous son esthétique mielleuse à faire fuir tous les sexes. Un vrai film de mormon dans lequel, évidemment, on ne peut s’empêcher de se demander quand on y verra une paire de fesses, une scène lesbienne ou, mieux encore, quelques petites digressions pornographiques. C’est tout à fait humain.
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HORS COMPETITION : UN AUTRE NIVEAU
C’est plutôt Hors Compétition qu’il fallait se pencher cette année :
Notamment avec The Woman du génial américain Lucky McKee, auteur du magistral May dont la sidérante comédienne Angella Betis réapparaît ici dans un second rôle inoubliable d’épouse soumise. Le propos du film, d’un féminisme forcené (au plus beau sens du terme si certains doutent encore de l’alchimie avec le cinéma d’épouvante), ouvre tout d’abord la voie sur une critique à priori un peu attendue quoique savoureuse sur la sauvagerie de la middle-class américaine et de ses familles modèles. Mais peu à peu, le film dévoile l’ambigüité et le véritable fond de chaque personnage jusqu’à l’extrême ; ne dévoilons pas les nombreuses surprises de l’oeuvre mais soulignons que du film-concept aux vertus sociologiques, Lucky McKee y oppose avec autant de talent la barbarie rougeoyante d’une révoltée splendide et bestiale. Le film joue avec un malin plaisir sur la perversité supposée du spectateur mâle (et il faut le reconnaître, ça marche), de l’idée d’esclavagisme jusqu’à sa résolution sanglante et surprenante, foncièrement (im)morale. Claque démentielle comme on en voit peu, film viscéral, profond, et pièce maîtresse de mise en scène (entre l’artisanat le plus précieux et l’assurance technique la plus remarquable), menée tambour battant par l’un des plus grands cinéastes de genre de son temps.
The Day de Douglas Aarniokoski, auteur d’un calamiteux Highlander et assistant de Robert Rodriguez sur quelques-uns de ses films, n’a lui pas opté pour autant d’originalité. Son film, inspiré de la dramaturgie et des décors de films de zombies (jusque dans les paysages désolés et certains plans nocturnes typiques, voire même dans les personnages), narre l’histoire post-apocalyptique de quelques survivants trouvant refuge dans une maison abandonnée. La première partie offre une approche contemplative et saisissante de l’ennui, la peur et la faim, enrobée d’une mise en scène grisonnante qui pourtant est stéréotypée d’un bout à l’autre. Mais une certaine inventivité se dégage des cadres, la direction d’acteurs convainc, le film saisit dans sa nonchalance déjà vue. Puis vient l’histoire d’une confrontation face à un clan de survivants pro-cannibalisme contre nos héros dont la conscience morale les empêche de s’entre-dévorer. Aarniokoski remplace les morts-vivants par une poignée d’illuminés guidés par une envie de survivre ; quelques belles idées portent le film, et sa séquence finale, quoique parfois illisible car entièrement filmée de nuit dans une maison insalubre tout en gardant le principe d’une photographie charbonneuse, se plaît à jouer au grand film d’action. Le film tient surtout debout grâce au personnage féminin jouant un double jeu et qui, de traître à guerrière victorieuse, mène et rythme le film jusqu’à un plan final délicieusement… inattendu.
Rabies, survival israélien (!) de Aharon Keshales et Navot Papushado, faisait quant à lui pâle figure. Film de chasse stupide où chaque personnage semble concourir au trophée du plus idiot, basé sur un scénario aberrant et éculé. Les cinéastes ont l’ambition d’un quintuple montage parallèle mais malheureusement leur technique ne paye pas ; le film s’égare et s’équilibre mal d’un point de vue à l’autre. Tous les clichés semblent réunis (comme souvent dans les survivals, où l’harmonie entre singularité et maîtrise des codes est tout simplement fragile), jusqu’à une interprétation inégale. Pourtant le film n’a rien de catastrophique et il est permis de passer un bon moment tant cette dramaturgie ringarde à un charme et un second degré camouflé. N’est-ce pas de l’humour que ces portraits brossés de civils tous autistes de la communication, pris soudain comme victimes au beau milieu d’une forêt où tout le monde se croise (à croire que la forêt en question est minuscule)? Quelques trouvailles inattendues ponctuent le film ça et là pour notre plus grand bonheur (surtout face à l’imagerie du serial-killer, qui n’aura finalement réussi qu’à tuer un chien dans l’histoire!), mais cela ne suffit pas vraiment pour égaler les autres films présents Hors-Compétition.
The Theatre Bizarre, ou le faux-ovni de la sélection ; un film constitué de 7 sketchs de grands noms du cinéma de genre, tous réunis pour réaliser chacun un court-métrage d’une quinzaine de minutes avec pour seule contrainte le Grand-Guignol. Une fois acceptées les conditions (de l’excès bizarre, rigolo, ringard), le film vaut-il la peine d’être vu? Pas vraiment. Car le principe tourne souvent, au moins à la moitié, à la mauvaise foi. Mother of toads de Richard Stanley par exemple, prouve que sous prétexte de liberté et de délire, l’inspiration prise dans les contraintes n’est jamais loin de l’amateurisme. De même pour l’insupportable Vision stains de Karim Hussain, variation glauque et incompréhensible sur une fanatique de la seringue qui pique des femmes enceintes ou les yeux de SDF. Pire encore The Accident de Douglas Buck, petite chose prétentieuse et naîve sur le regard d’une enfant de huit ans face à la mort. Surtout, le film passe à côté du sujet (le grand-guignol) pour une approche pesante et pseudo-existentielle de la mort. Un peu moins pire le Wet Dreams de Tom Savini qui, à défaut d’être réussi, parvient au moins à faire rire et à jouer du contrepied jusqu’à la confusion (la faiblesse du film). L’effet poupée russe du film – des rêves à gogo – s’avère être vite lassant en seulement quinze minutes mais la profusion du montage peut laisser croire que Savini a encore des idées derrière la tête. Déjà mieux, I love you de Buddy Giovinazzo prend lui le partie de l’anecdotique en filmant un petit dialogue télévisuel teinté d’un mystère mis en scène au départ ; pourquoi l’homme se réveille-t-il dans sa salle de bains, couvert de sang? On attend la chute venir et la surprise n’est pas très surprenante, mais les dialogues brillants du jeu de couple fonctionne jusqu’à l’image de terreur finale, presque banalisée. Une vision plutôt cynique de l’horreur au cinéma. Mieux encore, le pauvre Theatre Guignol de Jeremy Kasten (pauvre car charcuté d’un bout à l’autre pour servir de fil conducteur à la compilation). Le film semble pourtant, dans sa filiation directe avec le Silencio de Lynch, être porté par une texture et une dimension esthétique que les autres films (sauf le dernier) n’ont pas. La comédienne épatante dans le rôle de la spectatrice suffit déjà à créer un malaise entre émerveillement et peur primale. Le déroulé d’automates prenant vie sur la scène d’un théatre (avec le toujours réjouissant Udo Kier) synthétise à peu près le film dans son projet, mais pas dans sa qualité ; un joyeux bordel réjouissant et inventif. Sauf que le film entier, compilé, n’est réellement qu’un bordel. Point d’orgue, le Sweets de David Gregory, dernier segment et, de loin le meilleur. Mélange hypnotique entre La grande bouffe de Ferreri et les photographies de David LaChapelle (comme animées ici), tout en s’inspirant vaguement du Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant de Peter Greenaway, cette petite critique de la consommation réjouit au plus haut point : non pour son propos, déjà vu, mais plutôt pour la consistance esthétique et l’art du kitsch qu’il représente, jusqu’à un banquet final digne des sommets de mauvais goût. Irrésistible d’humour congelé et de beauté diabolique, festin de couleurs et de tripes.
Figuraient dans la Section Extrême (constituée de cinq films dont quatre mortellement consensuels et ennuyeux), le très attendu The Incident de Alexandre Courtès, véritable petit chef-d’oeuvre formel et donc unique film de la Section à avoir un intérêt. D’une force redoutable, le film ne prétendait pourtant pas à grand-chose dans son synopsis : un jeune groupe de rock travaille parallèlement comme cuistots dans les cuisines d’un asile psychiatrique. Sauf que, panne de courant oblige, toutes les cellules vont s’ouvrir… et les rockeurs d’essayer de survivre. D’emblée, la matière esthétique impressionne ; il y a un art consommé de la réalisation, des mouvements d’appareil, de la photographie, de la musique, du timing, de la chorégraphie. Le casting impressionnant (voir la gueule des acteurs jouant les fous pour s’en convaincre) et la démesure infernale du film dans son rapport très évolutif à la violence le placent comme un héritier direct, et en dix fois mieux, du Dog Pound de Kim Chapiron (film à contexte plus moral alors qu’ici on évolue en véritable film de genre claustro). D’une inventivité et d’une précision hors-pair, ce premier long-métrage a l’étoffe d’un grand ; chaque séquence marque la rétine durablement jusqu’à un final-piège que personne n’attendait. Le meilleur film du festival avec The Woman.
Autre film de cette Section Extrême, le Grave Encounters des Vicious Brothers, qui n’ont rien de bien vicieux si ce n’est qu’ils arnaquent le spectateur, un véritable vice à coup sûr. Paranormal Activity dans un asile, avec certes de l’humour, mais surtout rien d’autre à se mettre sous la dent ; interprétation nulle, absence de trouillomètre, effets dignes de scènes à trucs du début du siècle, final grotesque et interminable, on s’ennuie ferme comme dans tous les films de ce type ; ne vous y fiez pas, à part REC, jamais un film basé sur le paranormal et la vidéo de surveillance n’a réussi à marquer les esprits. C’est juste le procédé le plus économique pour les manchots du cinéma, de plus en plus nombreux dans le domaine.
Pour finir, la Nuit Fantastique proposait cette année une sélection de trois films comiques liés de près ou pas du tout à la thématique du film d’horreur et fantastique du Festival. Le premier, Tucker & Dale fightent le mal, en salles ce mercredi, dénote d’un certain savoir-faire de comédie et de référence au cinéma gore redneck. Scénario bâtard volontairement tendu sur un désopilant malentendu, personnages sympathiquement américains (autant dire dégueus) et autres petites saynètes débiles rythment un film jouissif et foncièrement drôle. Un petit plaisir de cinoche qui trouve ici les mérites d’une sortie en salles alors que la distribution condamne souvent ces films à des sorties directes en vidéos.
Le deuxième film n’avait rien à faire là ; mais quel plaisir tout de même! New Kids Turbo, signé de phénomènes néerlandais bien connus dans leur contrée, raconte l’histoire tout aussi impossible d’un groupe de beaufs (comme vous n’en avez jamais vu ni imaginé) décidés à ne plus rien payer. Ce qui est fou dans un tel film (peut-être la chose la plus drôle qu’il m’ait été donné de voir dans ma vie, j’en ai bien peur), c’est que le rythme absolu et l’excentricité, et la vulgarité et le mauvais goût de ses auteurs imposent une règle au bout de vingt minutes : tant pis si l’humour va trop loin (et Dieu sait s’il met les pieds dans le plat), il est dit que l’on rira de tout. Pédophiles, nazis, femmes enceintes, accidents de la route, handicapés, tout y passe sur cette plaque tournante de l’humour le plus décomplexé du monde, et peut-être là le secret à une drôlerie de tous les instants, de la première à la dernière minute. On en ressort quelques côtes fêlées, et l’irrésistible envie de relancer le film pour un second tour de manège, véritable totem de la comédie, au sens profondément Con du terme. Et donc Bon.
Pour terminer cette infernale et hilarante Nuit, Juan of the dead ou la fausse parodie d’un film de zombies à … La Havane. Le film, plutôt mauvais, tient pourtant debout grâce à un esprit Z évidemment charmant, le simple choix du décor donnant au film toute sa raison d’être. L’acteur, insupportablement mauvais et inexpressif, participe au charme de cette petite comédie cheap mais bien mise en scène (compte tenu des moyens, dont on ne sait jamais en fait s’ils sont énormes et très mal gérés ou si au contraire ils sont minuscules et brillamment utilisés). Chaque personnage est absolument imbuvable – jusqu’au tapin transsexuel (sic), mais la volonté du film de mêler au spectacle le déguisement d’une comédie acidulée et régressive est souvent rigolote. Sans jamais aller au-delà , le film se regarde sans déplaisir, mais au-delà de sa brillante idée de décor (La Havane), il se peut qu’il ne reste pas grand-chose en mémoire de ce petit film d’exploitation.
LE PALMARES COMPLET DU FESTIVAL :
– Grand prix : Babycall de Pal Sletaune
– Prix du jury ex-æquo : Beast de Christoffer Boe et La Maison des ombres de Nick Murphy
– Prix du public : Eva de Kike Maillo
– Prix de la critique : Babycall de Pal Sletaune
Jean-Baptiste Doulcet