Tristen – L’Ombre à  Suivre

Faire un bon disque chanson-pop, c’est facile. Un ton détaché, quelques bonnes références anglo-saxonnes, un esprit bricoleur inventif, quelques idées mélodiques malignes. Sans l’ombre d’un doute, Tristen est un artiste à  suivre.

 

Tristen, Sébastien Pasquet de son vrai nom,, est quelqu’un de chanceux. D’avoir trouvé un bon label ? D’accord …D’arriver à  un moment où chanter en français n’est pas forcément ringard ? Okay…D’être d’une génération de songwriter DIY maîtrisant totalement la technique lofi et le home studio ? D’avoir une double culture que dis-je une triple culture aimant à  la fois le rock de Mike Patton, la pop de Stereolab et la chanson française version Dominique A ? En effet…

Je parle de chance mais il est ici surtout question de talent et dans le genre Tristen s’en sort plutôt très bien, aussi bien voire mieux (prenons des risques) que par exemple, Florent Marchet ou Albin de la Simone. Le sudiste hissé à  Paris est particulièrement à  l’aise pour accumuler les couches mélodiques qui, par touches, font émerger de jolis dessins en forme de mille-feuilles. Guitares électriques parfois rugueuses, acoustique au son métallique, choeurs, claviers en veux-tu en voilà  se cotoîent, se mélangent, se séparent, jouent au quadrille, pour sans cesse, faire évoluer les morceaux.  Que voulez-vous Tristen a, la bougeotte !

D’ailleurs, la vraie chance de Tristen est en d’être à  la base batteur, ce qui lui permet d’avoir le sens du rythme qui dynamise les morceaux. Cela se ressent même sur le lunaire Sans mémoire de moi. Pas de batterie, mais des programmations vives et insoumises, et des utilisations rythmiques d’instruments (guitares, voix) mettent sans cesse de la vie sur des mélodies à  la base plutôt mélancoliques. Il y a du Pinback là  dedans, faisant peut-être de Tristen un des premiers francophones à  s’aventurer sur, le même, terrain que les Américains, (Sans se connaître ou sur le plus direct So naked).

Et puis, Tristen, s’il pratique le jeu du songwriting largement en solitaire, fait appel in fine à  quelques amis pour apporter leur talent respectif et améliorer les morceaux originels. Julien Cortes (Querencia, Erevan Tusk) vient poser, des, petits soli de, guitare, Fabrice Ravel-Chapuis, connu pour ses cordes, vient co-arranger At the Back of the top pour lui donner plus d’ampleur, une cohorte de jeunes femmes viennent faire les choeurs. Les mêmes d’ailleurs avaient précédemment co-écrit les textes de certains titres ; humilité extrême de la part de Tristen laissant le soin à  d’autres, de venir améliorer sa propre création., Le jeune homme a désormais, le champ libre pour prendre la posture du détaché sensible et interprété des textes parfois désabusées, parfois aiguisées sur le désir.

Tout cela concourt à  faire de L’Ombre à  suivre un petit album important ; oxymore qui va bien à  Tristen qui en additionnant tous ses petits ingrédients et cette somme de talents, et en,  agençant le tout dans un collage malin, sort de son chapeau de vraies grandes chansons (le petit chef d’oeuvre A Rebours comme meilleur exemple). A suivre de très près.

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Denis Zorgniotti

Date de sortie : 10 octobre 2011
Label : Pas le peine / Volvox music

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