On ne l’y attendait pas, ou peut-être l’y attendait-on secrètement, à la manière d’un étrange désir inavouable.
Avec » Les Melons de la colère » Vivès rejoint à présent l’équipe de dessinateurs de la collection iconique et tout à fait explicite »BD Cul » chez Les Requins Marteaux. Un virage certes culotté après son excellent travail et incursion dans le domaine de la danse classique avec » Polina » mais un virage tout de même, et non une bifurcation brusque et décisive., On avait déjà entrevu quelques vignettes dénudées dans » Amitié Etroite » et on avait aussi rêvé, tout comme son auteur, de voir la nageuse s’offrir, nue, à son narrateur dans » Le Goût du Chlore « . Que le romantisme de Bastien prenne une direction plus concrète n’est finalement pas une surprise. C.’est peut-être comme une puberté d’auteur, assumée, et visuellement immédiate.
Vivès nous conte ici l’histoire de Magalie, jeune fille de la campagne, travailleuse plus que généreuse, aux » melons » exagérés, véritablement vomissant. Lorsque ses parents, de revenus modestes, se décident enfin à faire appel à la médecine pour remédier à ses peines, ils ne s’attendent pas à ce que les médecins optent pour des méthodes bien plus agréables en se penchant, littéralement, sur le » cas Magalie « .
» Les Melons de la Colère » est une BD sulfureuse, fertile dans ses exagérations – il y a la poitrine, d’abord, bien trop imposante pour sembler crédible, les vignettes qui fourmillent de médecins affamés, dans de multiples positions, aguichés par l’extraordinaire tare de Magalie. On entrevoit aussi même le très jeune frère, puis le père, aux membres tout aussi extraordinaires. Et enfin, il y a la violence exagérée de la vendetta patriarcale, sauvage et salvatrice, qui clôture l’histoire.
On retrouve dans » Les Melons de la Colère » la bichromie presque pressée de Bastien Vivès et on y découvre une sorte d’imagination délirante. Le scénario est pour le moins tiré par les cheveux, mais on sourit finalement devant l’ultime croquis de Magalie.
» Les Melons de la Colère » se lit comme un drôle de rêve, hautement fantasque dans son incohérence délicieuse.
Fabrice Blanchefort
Les Melons de la Colère
scénario & dessin : Bastien Vivès
Editeur : Les Requis Marteaux / BD cul
180 pages – €¬ 12
Parution : Novembre 2011