KILLTRONIK / IF THE KIDS / FLORIN FLORA / LEONARD COHEN / TOXIC KISS / PLANET OF THE TAPES / NZCA LINES / RONIN / TERESA MASCIANA / NEDRY / NO FLAG PROJECT / JESUS IS MY SON
KILLTRONIK – Paris La Nuit (EP)
Reperé par un bon premier EP, Dresscode, et par sa première partie de Pony Pony Run Run,, Kévin Blanc revient avec un nouvel EP. Killtronik, son nom de guerre, ne laisse aucun doute sur ses intentions : armé d’électronique, il veut, trouver le morceau qui tue ! Il n’y a pas que des synthés dans l’univers du Cannois : totalement dans l’air du temps, son travail est plus organique et on trouvera, en embuscade, piano et guitare. Dans un style électro-pop disco wave, Paris la Nuit rappellera les machines de guerre que sont Adam Kesher, Fortune, et Phoenix, entre mélodie californienne, réminiscence 80’s, vocoder utilisé en support, et posture romantique. Efficace et idéal pour batailler gaiement sur les dance-floors (Walking on Mars déjà présent sur Dresscode), l’EP n’exclut quelques facilités et ritournelle un peu cliché (All Your, Love). Mais Killtronik a des atouts qui, vont au de là du simple, savoir-faire opportuniste. Ainsi la qualité, de la, mélodie pop, de You, Me and It, (le titre le plus Phoenix du disque) ne doit rien à personne et surtout pas à la seule production coup de poing. Il y a là un vrai talent d’écriture. Et Paris la Nuit marque un tournant réussi vers une électro-pop sexy en français. (3.0) Denis Zorgniotti
Autoproduit / Février 2012
Le même que précédemment ou presque. Mais là où Killtronik affleure quelques facilités, If The Kids s’y vautre carrement. Ce n’est plus efficace, c’est putassier. Brice Montessuit, anciennement Silmarils,, est lui aussi à la recherche du morceau qui tue et pour cela, il est près à tout. Même au mauvais goût, même à un peu exagérer sur le soi disant buzz de sa musique aux USA et en Angleterre (il est vrai que là -bas, Life is now sert de BO à la pub Joy of Pink de Lacoste). En tout cas, sa musique, sans finesse racole partout où elle peut racoler. Ne parlons même pas des grands, coups de programmations assassines et, de choeurs de pom pom girl à faire passer Make The Girl Dance pour une chorale de moines trappistes. Mais, à , cela, If The Kids rajoute encore, , des guitares musclées (à la Prodigy sur Tell me what you want), à citer sans vergogne John Barry et l’esprit James Bond sans élégance (Set your Free), à tracter du côté d’un désuet Pink Martini boosté par Daft Punk (Walk Away), à faire du Banarama gonflé au Botox (Dog Eats your face). Bref, tout ceci sent la prostituée un peu trop fardée et un peu trop aguichante pour être honnête. (1.5) Denis Zorgniotti
Part Time Punks Records / Mars 2012
Mabit Moreno est du genre boulimique : bassiste pour Meek, multi-instrumentiste pour le groupe d’improvisiation Free Jazz Musik Magik et, pour le projet CoCoFKa, entre Beatles et rock contemporain, mégaphoniste pour la fanfare Droit dans le mur…Finalement pour Florin Flora, tout ceci, ne nous sert à rien, pusiqu’on ne retrouve à peu près de rien de tout ça ou presque (les Beatles pour l’écriture pop) pour, son projet le plus personnel. Le songwriter affirme ici plus que jamais ses origines chiliennes dans une folk mélodique chantée en espagnole. Le charme désuet un peu 60’s (le beatnik Los ninos de mi casa, le Air-ien Piano Magico), la douceur mélodique et la langue elle même évoqueront l’esprit du label espagnol Elefant records. Pourtant, Florin Flora va plus loin et se place dans un style parfois andin, troquant sa guitare acoustique pour une plus typique charanga. Pollito est quant à lui une charmante ballade bossa pop. Un pied en Amérique du Sud, un autre en Europe., Un joli disque aussi léger qu’une brise. (3.5) Denis Zorgniotti
Autoproduction / Janvier 2012
Je n’ai jamais voué une grande passion pour la musique de, Leonard Cohen. Même si je reconnais que certains de ses albums et quelques unes de ses chansons (« So Long Marianne », »Partisan« »Suzanne« …) restent assez mythiques et peuvent à l’occasion me filer la chair de poule, le personnage et son univers en général suscitent chez moi, depuis longtemps (en gros à partir du début des années 80), au mieux du respect, au pire de l’indifférence., A l’écoute de »Old Ideas » difficile déjà , de dire que c’est un album de 2012. Il aurait pu sortir en 1986 ou en 1994 sans que l’on se rende compte de quoi que ce soit tant le son et la production sonnent de manière assez neutre et atemporelle. Une qualité qui peut être aussi un défaut., Comme toujours, chez, Leonard Cohen, les chansons sont très douces, très agréables, aux accents western, jazzy, country, blues, avec en fond, ces éternels choeurs trop doucereux venant contrebalancer sa voix de baryton. Elles ont le charme de ces musiques surannées que l’on écoute plus par nostalgie que par envie. Et contrairement à , Neil Young, ou, Johnny Cash, autres grandes figures de la musique américaine – même si lui est canadien – du siècle dernier,, Leonard Cohen, reste un personnage en fin de compte assez lisse, trop tranquille et détaché, dont la musique, limite »muzak » par moment sur ce nouvel album, s’écoute sans déplaisir mais s’oublie malheureusement très vite une fois l’album terminé. (2.5) Benoît Richard
Columbia / Sony / Janvier 2012
TOXIC KISS – Happy Alpha Air
Toxic Kiss est partisan du Do It Yourself et cela fait 10 ans que cela dure. Les Strasbourgeois ont donc monté leur label, sorti 3 albums et joué en première partie des Killers, I’m From Barcelona, Lydia Lunch…Pas mal. Avec ce nouvel EP, Toxic Kiss continue de faire ce qu’il sait faire le mieux, du rock dans l’acception la plus 60’s du terme. La bio joue d’ailleurs la confusion, Toxic Kiss groupe des années 60 ou des années 2000 ? Entre Beatles, Kinks ou Who, le groupe ne choisit pas ou plutôt fusionne et ajoute à cela quelques claviers tout droit sortis d’un film de SF (les Anglais diraient »Creepy sound« ). Tout ceci participe à faire de Toxic Kiss, un groupe qui va delà du bon »à la manière de.. ». Le groupe n’a pas du tout à rougir face aux plus célèbres Hushpuppies, ou à leurs homologues britanniques. On marche !, (3.5) Denis Zorgniotti
Novalis Impulse / Décembre 2011,
En ces temps où le CD se vend mal, certains reviennent aux vinyles. Le label Un Dimanche, un peu tapé il faut l’avouer, revient lui carrément à la K7 pour une compilation fleuve regroupant 24 groupes et presque autant d’inédit. La colonie Grenobloise est ici largement représentée et certains d’entre eux ont déjà fait parler d’eux (Apple Jelly, Câlin, Jose and The Wastemen en tête). Mais pas seulement, on retrouve ainsi la délicieuse Mai pour un inédit sur les traces d’une Kate Bush folk ou les Parisiennes de The Barettes, réponse française aux Pipettes. La compilation pêche sans doute par sa trop grande diversité de style dans laquelle on trouve , néanmoins pas mal de rock garage/hard 70’s/ stoner qui ne font pas vraiment dans la finesse et que le non-amateur de riffs gras trouvera donc dispensables… Mais il y a là quelques excellentes, découvertes comme le rock à billy western de The Rockandys, la pop inventive de Kinda Weird Fishes (entre Arcade Fire et Grizzly Bear), Modern Folks (comme son nom l’indique), l’électronica psychédélique et bluffante de Mount Analogue, le rock libéré d’Owen Temple Quartet (sur les traces de Tuxedomoon) ou l’électro-punk garage des New Yorkais de Aluminium Babe, peut-être un futur next big thing. Ceux-ci valent vraiment le détour et obligent à l’achat de cette jolie K7 rouge. Au fait, si vous n’êtes plus équipés de l’appareil idoine pour écouter ledit objet, sachez qu’à l’intérieur se trouve un coupon de téléchargement. Une entorse à la modernité dans une démarche à rebrousse-poil. (3.5) Denis Zorgniotti
Un Dimanche / Décembre 2011,
NZCA/LINES – s/t
Les nombreux fans de, Metronomy, qui se sont largement gavés du son de , The English Riviera, en 2011 peuvent se réjouir car en 2012 un album risque encore d’occuper longtemps leurs playlsits : le premier album de, Michale Lovett, plus connu sous le nom de, Nzca/Lines., Produit lui aussi par Ash Wokman (et ça s’entend !), ce premier album éponyme évoque les musiques electro-pop légères et instantanées de, Hot Chip, Royksopp,, de, Junior Boys, et donc de, Metronomy., Un premier album, au son propre et synthétique, qui devrait faire son petit effet et conquérir un public indé raffolant de ce genre de gourmandise »diet 80’s » très en vogue actuellement., Malgré tout, si la mise en bouche est agréable avec deux singles veloutés »Okinawa Channels » et »Compass Points » on pourra tout de même, regretter le côté un peu superficiel et redondant de la musique de, Nzca/Lines, avec un ensemble finalement très uniforme ; la faute sans doute à une palette sonore trop réduite et à des chansons un brin aseptisées qui ont trop souvent tendance à se confondre., Même en insistant,, Nzca/Lines, ne parvient jamais à se mettre, à la hauteur des références sus-citées, à convaincre totalement, et cela malgré quelques titres assez charmants comme »Atoms & Axes« ., Mais gageons que sur la foi d’un single bien placé, le groupe aura son quart d’heure de gloire, et saura élargir son champ musical lors de prochaines réalisations. , (3.0) Benoît Richard
Loaf recording / Module
Un Ronin est un samouraî sans maître et ce groupe Italien au nom similaire semble suivre ce même précepte de n’aucunement se faire dicter sa conduite. Dans Fenice, les instrumentaux évoluent et défilent au gré de l’inspiration du quatuor. Ronin pourfend les styles et passe allègrement d’une finesse de ton avec deux guitares impressionnistes, (Spade, le meilleur titre »post-rockisant » du disque est aussi le premier) à un rock 70’s plus musclé , (Benevento) à un Jambiya totalement débridé entre folklore napolitain et jazz rock avec une guitare électrique qui danse la bourrée et une autre singeant une mandoline (sic). , Le groupe avoue son admiration pour Ennio Morricone avec une guitare lead aux bords des larmes sur Fenice et reprend Franck Sinatra, de manière languide sur le seul morceau chanté du disque (It was a very good year). Tout le long du disque, on hésite entre l’admiration et la détestation. Avec Ronin, le plus original est ici aussi le plus raté ; ce qui pose quand même problème. A moins que nous ne soyons pas assez libres dans notre tête. (2.5) Denis Zorgniotti
Santeria / Audioglobe / Mars 2012
TERESA MASCIANA – Don’t Love Me
Teresa Masciana est italienne, ce que son nom et son accent ne peuvent cacher. Pour le reste, la Calabraise chantant en anglais aimerait ressembler à Patti Smith (dixit sa bio) ; ce qui n’est pas encore gagné. Mais on aurait tort de mésestimer ce premier album porteur de pas mal d’espoir à l’endroit de la jeune femme. Teresa Masciana peut en effet occuper une place centrale dans le giron des chanteuses indés. A la fois rock aux accents parfois rugueux, , (My World) et, plus pop et sucré dans un style Spector-ien (Don’t Love me), à la fois classique dans une posture années 70 et adepte d’un certain esprit lofi plus actuel (Out of There), Teresa Masciana peut ratisser large chez l’amateur de rockeuse fille. C’est au final frais, enlevé sans être trop tiède, les mélodies fonctionnent carrément. On peut largement aimer sans se forcer. (3.5) Denis Zorgniotti
Dcave Records / Mars 2012,
Avec , Nedry, on est prêt à reprendre un shoot de trip hop. Mais attention, le groupe évoque les plus aventureux du genre, de Bjork à Lamb ; ce qui n’est pas un mal. Ayu Okatita, la chanteuse japonaise du trio, a le timbre et la présence idoines (proche de Bjork justement, parfois trop) pour distiller totalement cette mélancolie d’écorchée. Derrière, deux Anglais s’occupent de la musique avec des ambiances électroniques tortueuses et souterraines où ne sont pas exclus pas quelques sons distordues et rythmiques déstructurées tendance Aphex Twin ou Autechre. Avec ses relents gothic et son émotion vocalement exacerbée, on aurait tout lieu d’être un peu écoeuré et pourtant ce n’est que rarement le cas. On marche quand même à ces plongées en apnée portées par la fragilité à fleur de peau d’Ayu ; le trio arrivant, à l’instar de Bat for Lashes,, à donner une certaine pérennité , à ce que l’on croyait être un épiphénomène mort il y a 15 ans. Ce n’est plus nouveau a fortiori novateur, In a Dim Light est sans doute moins bon sans doute que le précédent, Condors, mais cela reste du bel ouvrage., , Une chose est sûre, l’amateur a de quoi être aux anges, ce qui est peut-être le principal., (3.0) Denis Zorgniotti
Monotreme records / Mars 2012
NO FLAG PROJECT – Complex Headache (EP)
Il ne fallait pas grand chose pour que No Flag Project devienne un groupe vraiment, intéressant. Pour ces musiciens, , punk rocks, membres de, King of Conspiracy, , le passage a eu lieu quand ils ont décidé de rendre leur musique un peu moins, linéaire, quand ils ont accepté de sortir du tout électrique et de s’essayer à quelques sonorités et détours, plus »post-rock ». Le résultat en est ce Complex Headache qui, s’il n’oublie pas de proposer des titres mordants au charme fédérateur (Complex Headache), , affiche en permanence un supplément de sensibilité et des arrangements moins basiques. Cela passe par l’utilisation de l’acoustique couplée à des habillages électroniques donnant une jolie ballade indé, (Metronome) ou par une rythmique plus chaloupée où la morve naturelle de punk rockeur revêt désormais une certaine élégance (Foolish Things). Cela passe aussi par Pleasedonttakeitwrongway à la rythmique marquée mais originale magnifiée par la fluidité des guitares. No Flag Project se place désormais entre Exsonvaldes et Appleseed Cast ; ce qui est en soi un compliment. Album à paraître en 2012 (3.5) Denis Zorgniotti
Autoprod / Novembre 2011
Avec Grégory Duby, guitariste de K-Branding, on sait d’emblée que nous ne serons pas dans un disque »grand public ». Mais là où le trio sature le son et l’espace, Jesus is My Son, son projet solo, au contraire choisit l’épure. Là , où il y a avait confrontation, il y a désormais contemplation ; là où il y avait agitation, il y a désormais ralentissement voire dilation du temps. Le travail de Duby se réduit à une simple guitare électrique avançant avec lenteur et résonnance ; un travail en partie improvisé où chaque note devient importante voire essentielle, rappelant les créations d’ Imagho., A partir de là ,, Jesus is My Son donne un sens périphérique à sa musique : comme son nom l’indique 1914-1918 est un album totalement centré sur la première guerre mondiale. Duby s’intéresse là aux moments d’attente avant les combats, aux silences d’après les batailles, à l’anxiété permanente ; ce qui explique la tristesse contemplative qui parcoure le disque, ce qui explique aussi l’absence totalement d’explosions soniques et de violences sonores. Connu désormais de l’auditeur, ce sujet permet à Duby de charger en émotion une musique par ailleurs économe dans le domaine. Le Belge triche un peu, utilisant son sujet et les titres mêmes de ces instrumentaux (Héroîsme et désespoir, No man’s land, Armistice, des pleurs et des larmes…) pour permettre à l’auditeur de fantasmer la musique ;, un peu comme un effet Koulechov sémantique. Ainsi manipulé, l’auditeur a de quoi être touché par le disque, ce qui est désormais le principal. (3.5) Denis Zorgniotti
FF HHH / Mandai Distribution / Février 2012