Sur les traces de NIN, Namb avait sorti un bon album en 2011. Voici donc le leader du groupe italien pour un album solo plus expérimental. Et meilleur !
On peut le dire, souvent les albums solos de membre de groupe ne sont guère exaltants : pas forcément différent de leur entité d’origine, souvent d’une qualité moindre. Dans le cas de Davide Tomat, nous sommes dans une position inverse, non pas que BMAN, premier album de Namb, ait démérité loin de là (pas transcendant mais diablement efficace), mais son leader affiche en solo un versant le plus expérimental de sa personnalité.
01-06 June est un drôle d’album concept. Le Turinois s’intéresse à tout ce qui s’est passé dans l’Histoire entre les 1er , et 6 juin (période justement de l’enregistrement du disque), chaque événement donnant son titre , et le sujet d’une chanson. Cela donne l’invention de la radio par Marconi, la fin de la mission Soyouz, la découverte par les astronomes de Titan, ou le premier vol des frères Montgolfier. Au final, tout ceci est anecdotique même si Tomat affirme avoir puisé son inspiration musicale dans ces événements historiques et si l’Italien affectionne particulièrement quelques Bip électronique venus de l’espace (ou plus exactement d’une BO de film de SF). Mais les vraies contraintes sont ailleurs. Le disque est né d’une longue séance d’improvisation (une semaine donc) donnant naissance à pas moins de 36 morceaux qui après sélection ne restèrent que 21. Sur cette base, mélangeant certaine de ces pistes, les éditant en partie, Tomat accouche de 11 titres donnant 01-06 June tel qu’il est aujourd’hui.
Musicalement, l’album est composé à 90% de voix et à 10% de synthétiseur analogique monophonique couplé parfois à une guitare. Le ratio semble pour le moins disproportionné mais dans ce disque marqué par la drone music, chaque son est passé par un filtre électronique qui en donne une cohérence et une couleur et qui surtout brouille les pistes : quid du vocal ? quid de l’instrumental ? La frontière est désormais poreuse : parfois, les lignes de chant sont parfaitement identifiables, comme un vrai disque de pop, tendance OVNI tout de même (Radio ou LovelyPlace comme meilleur exemple),, mais à d’autres moments, les sons sont étirés, rendus abstrait pour ne plus devenir qu’une vibration synthétique qui fait cligner le regard par sa brillance, qu’un souffle léger qui dure et qui soulage : rappelant le Aphex Twin, de Selected Ambiant Works II JupiterAsteroid finit par vous bercer., , Mais le popeux Tomat ne peut s’en empêcher et, , il, injecte dans sa drone music /, ambiant de jolis signes de vie et d’humanité, , (Soyuz, Montgolfier, Venus). Tant mieux ! A certains moments, le travail de Tomat, touche du doigt un, certain, mysticisme (DonatiComet).
01-06 June devient donc un album enivrant, , composé qu’il est comme un mille-feuille de pistes qui se mélangent, font écho, vibrent ensemble dans une polyphonie jouissive. On retrouve ce genre de travail – on pourrait dire de vision – chez Animal Collective : un psychédélisme qui s’épanouit dans la sublimation des corps.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 6 mars 2012
Label : Monotreme records
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