Bowerbirds clôt sa (première ?) trilogie en beauté. A la fois rustique et luxuriant, The Clearing est une réussite.
Détail donné par la bio : l’album a été enregistré à April Base Studio, LE studio de Bon Iver. On en rirait presque comme si à l’écoute de The Clearing, c’était un détail essentiel, comme si le groupe avait besoin de ça pour attirer le chaland. Ce n’est pas la faute de Bowerbirds, même pas du label qui l’héberge (encore que…) mais plutôt à une époque qui permet à seulement quelques élus d’engranger les moissons de la renommée. Et Bon Iver devenant le seul groupe américain de folk mis en avant dans un terreau pourtant riche et en perpétuel renouvellement. Bowerbirds n’a pas besoin de la caution Bon Iver pour exister et bien exister. Deux albums Hymns for a Dark Horse (2008) et Upper Air (2009) ont tôt fait de faire du groupe de Caroline du Nord un des artistes majeurs de la folk indée. Et The Clearing poursuit le chemin tracé par Bowerbirds.
Emmenées par la voix lumineuse de Phil Moore, les chansons de Bowerbirds s’inscrivent bien dans une tradition, une folk boisée où la guitare acoustique et le piano bastringue sont souvent , l’alpha et l’oméga de la musique. Mais derrière cette apparente quiétude et simplicité, tout un monde s’agite. On pourrait faire un parallèle audacieux avec le film »Microcosmos« : on prend un carré de gazon et on y découvre une luxuriance de vie souterraine, plein de petits organismes qui s’agitent. Ici ce sont les instruments qui ne demandent pas mieux qu’à exploser dans un débordement de vitalité. Tuck in The Darkness in est symptomatique de cette folie douce : la jolie ballade rustique prend soudain un essor imprévisible poussé par des cordes, des cuivres et une guitare électrifiée. Bowerbirds c’est un Beirut plus intimiste peut-être mais non moins riche. Il y aura d’autres exemples de cette puissance de la nature qui ne demande pas mieux qu’à éclore (This Year,, Death Wish). Sur d’autres morceaux, la paire américaine joue avec les différentes couches de son sous-bois mais de manière moins frontale. Il faut dire que ce qui faisait une des grandes particularités du groupe sur Hymns For a Dark Horse, c’est à dire l’utilisation majeure d’un accordéon tenu par Beth Tacular, est désormais plus rare ou intégrée à l’ensemble: l’instrument s’agglomère joliment aux choeurs et aux violons sur Walk The Furrows ; il refait vraiment surface en fin de disque sur Now We Hurry On.
Bowerbirds n’est pas un groupe systématique et on ne sera pas vraiment étonné qu’il utilisât un e-bow guitare sur In The Yard (chanté par Beth) ou sur , l’électrique Stich the Em rapprochant Bowerbirds de Radiohead. Sur Brave World, des programmations pointillistes accompagnent le piano dans un halo de réverbération mystérieuse. Sur ces mêmes bases,, Hush va plus loin rajoutant à cela le flottement d’un xylophone et la pureté vocale de Beth Tacular ; un titre proche de l’Anglaise, This is The Kit.
La campagne Américaine ne manque ni de ressource ni d’ouverture sur la modernité ou sur le monde. Bref, vous connaissez bien Beirut, Devendra Banhart, Bon Iver, goûtez un peu à , Bowerbirds, vous m’en direz des nouvelles !
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 6 Mars 2012
Label / Distributeur : Dead Oceans / Differ-ant