La légende anglaise John Foxx s’était refait une nouvelle santé en travaillant avec l’électronicien Benge. The Shape of Things est un nouvel album du duo pour une synthé pop plus trouble qu’il n’y paraît.
John Foxx, 65 ans, n’est donc pas un débutant. Premier leader et chanteur d’Ultravox, il a quitté le groupe avant les années 80, le succès et le virage synthétique opéré, par le, groupe. En pleine mouvance new wave, lui-même a adopté les claviers dès son premier, Metamatic, devenu rapidement un album culte et influent pour toute la scène anglaise. De Letfield à Klaxons, en passant par les contemporains Human League, Gary Numan et Duran Duran. Après avoir collaboré notamment avec Harold Budd et Robin Guthrie, il trouve en Benge (récent collaborateur de Serafina Steer), son Brian Eno à lui. Résultat, un duo rebaptisé John Foxx and the Maths et un premier album Interplay en 2011.
Ragaillardi et avec son nouvel ami, Foxx sort rapidement un deuxième opus. The Shape of Things entretient quelque chose de désuet, d’une new wave synthé pop qui aurait refusé de grandir. Ce qui n’occulte pas une partie de recherche et d’expérimentation sonore avec un Benge retrouvant l’esprit géotrouvetou de Klaus Schulze ou de Brian Eno. Il faut dire , que l’Anglais a déjà un âge respectable et que son jeune ami affiche déjà 45 ans au compteur, mission, difficile dès lors d’envisager une musique vraiment, innovante. Mais dans ce nouvel album, le duo fait très bien ce qu’il sait faire : Benge en laborantin plongé dans ses synthés analogiques et ses boîtes à rythme, Foxx dans une écriture de romantisme pop, voix de crooner incluse quoique napper dans un voile d’effet. Ce disque aurait pu sortir en 1980 ou presque (en bonus track, Talk (beneath your dreams) a un côté Letfield). Ce qui ne doit pas empêcher de bouder son plaisir.
Il y a en effet de bons titres dans The Shape of Things : Unrecosigned ou Rear-View Mirror à vous tirer une larme à l’oeil, September Town entre légèreté et mélancolie, Invisible ray plus planant, Vapour Trails honnête single potentiel, proche de Human league ou d’Ultravox…Mais de cet ode pour voix sensible et synthés globuleux, deux titres se détachent : un Talk aux sonorités oppressantes et larvées et Falling Away avec sa guitare triturée torturant une mélodie borderline. Ces deux titres révèlent un, duo ambivalent qui, derrière son côté faussement aseptisé, cachent quelques cadavres dans le placard.
, Denis Zorgniotti
Date de sortie : 23 mars 2012
Label : Metamatic
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