Premier tome du »Bel Age » nouvelle trilogie où Merwan se retrouve seul au dessin et scénario, » Le Désordre » suit en parallèle trois jeunes femmes dans leurs déboires pré-adultes respectifs. À la manière de sa couverture scindée en trois parties équivalentes, il s’organise en tranches de vie distinctes jusqu’à ce que celles-ci convergent dans la vignette ultime.
C’est en effet de cet âge à la supposée beauté dont Merwan veut nous parler. Le bel âge qui l’intéresse ne semble pas avoir de limites claires et définies dans le temps : il se situe quelque part entre le monde étudiant et le monde adulte, et il nous semble à la lecture à la fois long et quelque peu lancinant. Merwan semble s’attacher à défaire le mythe de la belle vingtaine.
Du haut de leur bel âge, Lila, Violette et Hélène sont perdues. Hélène est coincée entre ses ambitions académiques et son envie de respirer et de vivre. Elle souffre de migraines, et elle s’angoisse. Lila, qui ne jure que par les apparences sociales, est maladroite avec ses amis et ses amours. Elle ment et elle trompe. Violette, enfin, semble incapable de prendre des décisions et se laisse entraîner dans sa vie sans aucune passion. Elle fait l’autruche et donne le change.
Il y a quelque chose de cinématique dans la manière qu’a Merwan de découper son histoire, ainsi que dans le choix de ses images. Il attire notre attention sur les gestes et les expressions, qui donnent un véritable poids, une lourdeur, même, à l’histoire.
Il reste surtout quelque chose de sombre dans sa colorisation, une timidité dans les contrastes et les tons, beaucoup de gris, de marron, comme s’il s’agissait de montrer que le bel âge n’est pas aussi haut en couleurs que ce que l’on croit, ou ce qu’en dit, même, sa propre couverture.
Fabrice Blanchefort
Le Bel Age
Scénario & dessin : Merwan
Editeur : Dargaud
75 pages – 14,99€¬
Parution : Mars 2012