À propos de My Week With Marilyn, premier film de cinéma du londonien Simon Curtis, venu de la télévision pour laquelle il a réalisé téléfilms et séries, la promotion relayée en grande partie par les critiques s’est beaucoup focalisée sur le personnage de Marilyn Monroe et la prestation de la comédienne Michelle Williams. Le mythe de Norma Jeane Baker demeure vivace, la fascination exercée par la blonde qui mourut à 36 ans laissant derrière elle une belle filmographie et un amas de ragots ne semble pas diminuer au cours des années. Mais c’est peut-être faire un (léger) contresens sur les intentions du film qui adoptent le point de vue de Colin Clark, un jeune homme de 23 ans. C.’est d’abord ce dernier que l’on découvre à l’écran, multipliant les démarches et les astuces pour travailler dans le milieu du cinéma. Il y parvient durant l’été 1956 en obtenant un job obscur de troisième assistant réalisateur pour le tournage d’un film dont la vedette féminine est Marilyn Monroe, qui se rend en Angleterre pour la première fois.
Entre la star et Colin va se nouer une relation d’amitié tendre et platonique, mais aussi éphémère et sans espoir, qui marquera pour longtemps le jeune homme. Le bel été 1956 est surtout une période charnière pour Colin, qui vit là son premier amour et son entrée dans le monde des adultes. Outre qu’il met en scène avec précision le tournage calamiteux du Prince et la Danseuse, avec une Marilyn terrifiée face à Sir Laurence Olivier et éprouvant les pires difficultés à entrer dans le personnage d’Elsie Marina, le film oppose aussi les méthodes de jeu américaines et britanniques. Alors que Marilyn, épaulée et conseillée par Paula Strasberg, épouse de Lee, lui-même professeur d’art dramatique de la comédienne et directeur artistique de l’Actors Studio, Laurence Olivier envisage son métier sous un autre angle, moins moderne, travaillant moins sur la psychologie. Mais la principale thématique de My Week with Marilyn est sans doute l’érosion du temps, si cruelle pour les actrices. Le jeune Colin personnifie la candeur, l’innocence mais d’abord la jeunesse insolente qui prend touts les risques et montre toutes les audaces. À l’opposé, Laurence Olivier se sent déjà vieux et démodé. Entre les deux, la trentenaire Marilyn parait déjà basculer vers la vieillesse. Ainsi l’attirance affectueuse et presque maternelle que l’actrice ressent pour le doux assistant se renforce-t-elle dans le regard honnête et énamouré qu’il lui porte. En quête incessante d’être rassurée et aimée, Marilyn n’est pas dupe de l’hypocrisie qui l’entoure mais se révèle du coup manipulatrice, utilisant d’abord Colin pour satisfaire ses propres intérêts d’ogresse dévoreuse en mal d’amour.
De facture classique, sans l’ambition d’être un biopic sur Marilyn Monroe, le film n’est pas dépourvu de charme et flirte souvent avec les codes de la jolie bluette, en édulcorant les aspects complexes de la personnalité de la star, réduits ici à une succession de clichés qui peinent à restituer son magnétisme et ses névroses. My Week with Marilyn est donc une oeuvre d’apprentissage d’un jeune homme séduisant, plein d’énergie et de gratitude, suffisamment futé pour adopter la bonne position de respect et de franchise, meilleure arme pour faire défaillir la fragile actrice de Certains l’aiment chaud.
Patrick Braganti
My Week with Marilyn
Biopic américain, britannique de Simon Curtis
Sortie : 4 avril 2012
Durée : 01h42
Avec Michelle Williams, Eddie Redmayne, Kenneth Brannagh,…