Le clavier de Stereolab sort de l’ombre pour un album solo à la pop électronique et inventive. Un plaisir rare et réjouissant !
Joe Watson, de son vrai nom, a aussi collaboré avec Monade, High Llamas, Mary Hampton (qui rend l’appareil et vient poser des vocaux). Il a aussi produit le dernier album de Cocosuma. L’homme n’est pas inactif, mais donne la pleine mesure de son talent dans son projet personnel, Junior Electronics, dont Musostics est le deuxième album. Le nom de ce dernier a de quoi étonner mais ce petit farceur de Watson s’amuse ici avec des acrostiches (« Mesostics » en anglais) s’amusant à donner des sens cachés à ses textes en utilisant cette figure de style. L’artiste est censé faire de même avec la musique – d’où le jeu de mots Musostics. Difficile de comprendre le pourquoi du comment sans avoir interrogé le principal intéressé mais force est de constater que certains thèmes mélodiques parcourent tout le disque lui donnant une véritable unité dans pourtant une profusion sonore et musicale.
Attention que cet exposé intellectualisant ne vous dissuade, d’écouter Musostics. Comme un oulipien, Watson s’amuse à se donner des contraintes d’écriture et de composition, juste pour le plaisir, sans que cela soit essentiel à l’écoute du disque. Pour tout vous dire, je n’ai appris cela qu’en allant me balader sur le net…mais j’avais succombé et totalement adopté le disque, vierge de toutes ces informations.
Il faut dire qu’il est dur de ne pas succomber à l’art délicat de Junior Electronics bousculant gentiment des mélodies pop gracieuses. A l’origine, la musique trouve sa filiation , chez les, Beatles, à l’instar , d’Orwell ou de Fugu auxquels le premier Intimations fait irrémédiablement penser. Il y a là aussi des réminiscences 60’s inspirées par John Barry ou Burt Bacharach (Geostationnary Satellite, Faulty Reasonning). Mais l’Anglais ne s’arrête pas en si bon chemin. C’est là que l’électronique du , nom entre en piste ; finalement autant dans la manière de travailler et d’agencer la musique que par les sonorités synthétiques (Zero Distress,, le titres le plus synthé-pop du disque). , En effet, derrière les pistes copieusement accumulées dans un collage inspiré, Joe Watson rajoute des programmations ou des claviers joués comme on tape à la machine. C’est même lui qui le dit et cela donne des rythmiques mécaniques mais finalement prennent des pauses ou affichent des contretemps donnant un ton alerte et impertinent à des mélodies par ailleurs rêveuses, lunaires voire totalement mélancoliques (Fire Island Sand, beau comme le meilleur de, Perry Blake, avec l’apport non négligeable d’une guitare acoustique et d’un vrai piano). Pour ajouter encore à ce contraste, la basse n’est pas en reste, toujours ronde et groovy.
Avec tout ça et toutes ces qualités accumulées (et le regard amusé que Watson porte à ses créations), on se dit que Junior Electronics, c’est Beta Band à lui tout seul ! On appelle ça un grand disque.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 6 avril 2012
Label / Distributeur : Bureau B / La Baleine
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