Quand je pense à tout le foin que l’on a fait autour de L ! Ecoutez donc Maud Lübeck, chanteuse délicate à la musicalité de chaque instant. La Fabrique est un, petit bijou.
,Il y avait quelques signes avant-coureurs sur l’intérêt justifié que l’on pouvait porter à ce premier album. Une connivence musicale avec Watine, la présence à la guitare et à la basse de Simon Beaudoux des excellents Exsonvaldes, la présence au mixage d’Alexandre Firla connu pour son travail avec Phoenix. Cet album de chanson avait tout l’air de sonner différemment du tout venant, comprendre un album de chanson où le seul texte n’était pas l’essentiel, où la musique était autant travaillée que les mots. Maud Lübeck a l’avantage sur d’autres d’être certes multi-instrumentiste (avec le piano comme pièce maîtresse) mais également, suffisamment branchée et sensible pour s’autoproduire toute seule, comme un vrai travail artisanal en somme.
Oeuvre miniature, La Fabrique n’en est pas moins un album gorgé de sons et d’harmonies : une vraie boîte à bijou où les synthés et les percussions mutines éclairent le chemin majestueusement tracé par le piano. A l’instar de Barbara Carlotti, il y a là la sensation d’avoir affaire à un disque influencé par les grandes figures de la musique de film estampillées années 60 (Morricone, Magne, Lai…) dans un choix de sonorités vintage, entre bontempi et mellotron. Maud Lübeck a un talent de mélodiste certain, plus proche de la pop anglaise que de la chanson française stricto sensu (je t’aimais trop). Tout le long de son album, elle apporte un soin particulier aux choeurs qui ornementent délicieusement la musique jusqu’à rendre bouleversant le dernier C’est pas rien. Elle peut compter en cela sur les filles de Anything Maria. Ailleurs, c’est le versant le plus intime d’Alex Beaupain qui est évoqué, (les larmes gelées), une filiation qui pourrait donner envie à Christophe Honoré de travailler avec elle.
Avec tout ça, on en oublierait presque de parler de la voix de Maud, mesurée, distinguée, charismatique ; une présence intimiste qui n’use d’aucun subterfuge pour exister. On ferait presque l’impasse sur les textes qui ne méritent pourtant pas cet oubli ; je prends comme exemple Bye Bye qui arrive à émouvoir par son authenticité. Mais le premier sujet de séduction de La Fabrique est bel et bien sa musicalité. Ce qui fait de ce disque sa différence et lui permet de devenir un grand album de chanson française.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 12 avril 2012
Label : Volvox Music