Les Belges d’aMute ne choisissent pas la facilité et prennent le chemin d’une certaine abstraction pour distiller leur cold wave indus hautement émotionnelle. Une réussite.
Il y a quelques temps, je vous parlais de Tomat, projet solo du leader de NAMB, décidant de pousser l’indus new wave pop de son groupe du côté de l’abstraction. aMute fait un peu la même chose mais sans changer ni de nom ni de formation. Pourtant entre Infernal Heights for, a, Drama, leur précédent album et Black Diamond Blues, la différence est notoire. Le chant a tendance à se raréfier voire de disparaître sur une partie du disque ,, le format »chanson » a explosé en vol…La musique désormais présentée par les Belges a des allures de champs post-apocalyptiques dévastés et de paysages de friches urbaines. Pourtant derrière cette apparente et glaciale désertification, la vie reprend ses droits comme autant de sèmes laissés ça et là comme autant de fleurs résistant au chaos.
Il faut dire que la musique d’aMute est riche de sonorités, de strates et derrière les nappes industrielles, les murs de larsens et les sons parasites, des instruments (des sons de guitares et de percussions très métalliques, violoncelle le Curiste sur Desert) expriment leur vague à l’âme. Ce travail rappelle les parties les plus abstraites de NIN, , mais aussi le Français Supercilious mêlant dans une même musique des mélodies esquissées ou dessinées et les éléments perturbateurs voire destructeurs de cette même mélodie (Violent Blur). Chez aMute, la cold wave tendance indus est bel et bien là présente mais »abstractisé » versant parfois dans l’ambiant ou sur les terrains stylisés du post-rock. Elle est même quelque part plus forte et puissante, comme se rapprochant d’une essence purifiée.
Parfois la mélodie se recompose, aMute redevenant l’espace d’un instant un groupe de rock presque comme les autres (So easy to fall tout en respiration avant sur un riff de gravir un échelon en intensité). L’utilisation de la voix est symptomatique de ce va-et-vient permanent entre une forme dispersée et recomposée : d’abord étouffée et rendue primitive en début d’album (Everyday is), elle disparaît totalement pour réapparaître timidement toute en émotion rentrée pour finalement s’affirmer plus. Desert résume en un seul titre évolution. Ensuite, après ce sommet l’homme disparaît du paysage. Avec aMute, l’équilibre est fragile et c’est aussi pour ça que Black Diamond Blues, – finalement un titre parfait – est superbe.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 6 février 2012
Label : Humpty Dumpty
PLus+
Soundcloud