EGYPTOLOGY/ OH MY DARLING / CLAUDIA & LUCIE / MANDRAKE / BLANCHE AS NAME / ANNA O / ZHOL / NICOLAS REPAC / MARIE MADELEINE / PACO VOLUME / SOSUMU YOKOTA / NADJ / KARIN PARK / CHAPELIER FOU / THE TALLEST MAN ON EARTH
Jusqu’alors, Turzi, , Arnaud Rebotini, et, Etienne Jaumet, (et par extension son projet Zombie Zombie) étaient les meilleurs ambassadeurs français d’une electro rétro entièrement dédiée à la nostalgie et aux sonorités analogiques en référence à ce son mélancolique des années 70, entre krautrock et »musiques de synthétiseurs » (comme on disait au temps d’Oxygène, et d’Equinoxe)., Aujourd’hui il faudra donc compter sur le duo, Egyptology, soit la rencontre entre deux musiciens électroniciens de la fin des années 90 : Olivier Lamm aka, Olamm, et de Stéphane Laporte aka, Domotic. Si les références à Vangelis, Klaus Schultze,, Kraftwerk, à la library music ou encore aux génériques d’émissions télé de nos jeunes années sont évidentes, on constatera avec plaisir que le duo ne se prend jamais totalement au sérieux, s’amusant avant tout avec ces sonorités vintage pour donner au final un disque pop et cinématographique, absolument remarquable dans sa construction et dans les images et les émotions qu’il peut engendrer chez l’auditeur. (4.0) Benoît Richard
Clapping Music / Avril 2012,
, OH MY DARLING – Sweet Nostalgia
Ces Canadiennes nous feraient presque aimer la country et pas seulement car leur physique charmant n’a rien à voir avec des barbus ventripotents à chemise à carreaux ou avec le gamin albinos de »Délivrance ». Sweet Nostalgia est un joli disque empreint de modestie. N’ayant la seule prétention que de faire de bons petits titres, Oh My Darling met même sa propre création en sourdine reprenant pas moins de 4 traditionnels dans son album. Pourtant, c’est bien du côté de leurs propres compositions que les Canadiennes marquent de points. Avec leurs arrangements pour le moins traditionnel (violon cajun, banjo joué en picking, lapsteel), Oh My Darling amène une fraîcheur pop sur quelques titres (love me in, love me not et son petit côté Fleetwood Mac, l’instrumental enlevé Mister Guy). Moins client sur La Belle, chanté en Français avec fort accent – tabernacle ! – qui vous donne envie d’envahir l’Acadie. Pour fans du genre quand même.(3.0) Denis Zorgniotti
Outside Music / Mai 2012
CLAUDIA & LUCIE – The Tale of Mary and Tom
La valeur n’attend pas le nombre des années et ces jeunes demoiselles ont respectivement 19 et 17 ans. Claudia & Lucie ont des allures de diamant brut, , une écriture brute et immédiate presque d’autodidacte. Le duo excelle dans une, indie folk conjuguant beauté de voix chorale, guitare acoustique et une noirceur latente. Il faut dire que la plume de Claudia, songwriter du duo, se libère du format chanson et divague au gré de la passion épanchée par la jeune femme (le long et tourmenté, Sharp night-thoughts). Le duo vénère Bob Dylan, et aime comme lui raconter des histoires, ce qui interdit l’utilisation de refrain (sur explosion, il y a un début de pop song). Les ambiances évoquent, Kristin Hersch ou Shannon Wright, entre folie douce et pureté fragile. Claudia & Lucie nous balance sa musique dans un grand geste expressif, des morceaux qui, mériteraient d’être parfois recadrés, canalysés pour donner encore plus le meilleur d’eux-mêmes. Mais l’essentiel est là , un sensibilité ambivalente à fleur de peau. On est donc tout content de leur écrire une (bonne ) chronique en guise d’encouragement (3.5) Denis Zorgniotti
Dead Disco / Mai 2012,
Petit détail amusant, dans ses crédits, Mandrake remercie Wolfgang Amadeus et Fellini. Ajoutez à cela une intro qui aurait pu être signée par les Beatles et vous avez l’essence même de la musique souhaitée par le groupe Italien : classique dans l’écriture, pop envers et contre tous avec le petit grain de folie en plus. Pourtant, Mandrake ne ressemble pas vraiment aux trois monstres sacrées précités. Plus proche des récents suédois de Golden Kanine ou de Divine Comedy, la musique de ces Toscans est essentiellement acoustique et richement arrangée avec flute, trompette, violon, alto, piano, mandoline, flute et deux guitares. , Et quand le groupe se met à l’électrique, il gagne en force sans perdre en finesse (The Evil meeting)., Un vrai combo qui prodigue ainsi de bienfaitrices mélodies et une saine , mélancolie ne peut que forcer le respect. Comme leur nom pouvait le laisser présager, ces Italiens sont magiques. (4.0) Denis Zorgniotti
For Ears / , Juin 2012
Que fait Sébastien Pasquet quand il n’est pas Tristen et qu’il ne joue pas au sein de C++, Porco Rosso, Myra Lee ou Folks ? Eh bien il fait de la musique avec sa chère et tendre Bénédicte, sous le nom de Blanche as a Name ! Vous avez dit boulimique ? Ce nouveau duo n’est en tout cas pas le projet de trop pour Sébastien et bien au contraire exprime une nouvelle fois le talent du monsieur à composer de belles chansons indie folk. Tristen se déclinait largement en français ; Blanche as a Name s’exprime en Anglais excepté pour une étonnante reprise de Vian, un Fais moi mal Johnny qui avance à pattes de velours. Un peu comme son titre, Ravens (corbeaux) à comparer au nom même du duo, Blanche as A Name allie candeur et noirceur, une beauté troublante et troublée. Derrière l’apparente simplicité, le duo sait rajouter les différents strates musicaux qui sauront pervertir un doux monde de naturalisme folk et d’harmonies de couple. Au début tout semble clair comme de l’eau de roche (Frost) et finalement, le duo brouille cette image idyllique en y ajoutant une bonne dose d’électricité aux entournures et quelques parties musicales étrangement sombres. Chanté à deux voix,, Where I am , est une charmante espagnolade,, Dove est porté par un lyrisme mélancolique, avec ses petits moyens, Heart This prend une ampleur onirique insoupçonnée. Pourtant, ces morceaux véhiculent une certaine ambivalence avec des guitares qui titillent, quelques sonorités sourdes. Par touches, Like a Lake évoque Pixies, un titre fait d’une dentelle perversement tissée. Peut-être un des meilleurs hommages volontaires ou non – et des plus originaux ! – au groupe de Black Francis., (4.5) Denis Zorgniotti
Autoproduction / Juin 2012,
Avec Marc Collin, on imagine en premier lieu tomber sur un Nouvelle Vague bis. C’est mal connaître le bonhomme (au pedigree bien plus conséquent que cela notamment comme compositeur de BO) et encore moins Anna O (de son vrai nom,, Anne-Olivia Belzidsky), musicienne, plasticienne et poétesse. En 6 petits titres, She was a princess, EP concept comme on n’en fait plus, a la même ambition que Melody Nelson, celui de créer insidieusement un climat ténébreux et de proposer une orchestration ouvragée., Anna O. a trouvé en Collin son Gainsbourg à elle, mettant en son de manière sombre et profonde son univers entre culture pop et pré-raphaélisme. , L’ambiance provoque quelques frissons comme dans un film fantastique gothic avec un piano hanté (Le bébé princess). Mi objet de désir, mi jeune fille virginale, la présence vocale de Anna O. joue sur l’ambiguïté érotique et participe à la richesse de cet EP : 20h24 provoque en effet le même trouble que Lemon Incest et Ophelie donne des envies de se noyer en compagnie de la jeune femme. (3.5) Denis Zorgniotti
Kwaidan records / Idol / Juillet 2012,
Les Parisiens de Zhol ne font pas dans le light. Entre jazz, math rock et musique progressive, leur musique, combine un saxophone en liberté, des structures anguleuses et heurtées, des guitares qui s’épanchent…De quoi évoquer John Coltrane, Tool ou King Crimson., Cet EP pourra agacer par son absence, de légèreté (en dépit de, quelques passages jazz cool, sur Tartine au Beurre qui permettent de sortir de cet étau musical et de respirer un peu), , ou forcer le respect par sa virtuosité musicale et rythmique. Le groupe a pour lui de s’épanouir dans l’improvisation et donner chair à ces instrumentaux complexes. Même sur disque, cela sent le live et avec lui, le mouvement, la, chaleur et la sueur qui va avec. De quoi donner envie d’aller voir le groupe sur scène et d’avoir en plus du son, l’image d’un groupe qui se lâche. (3.0) Denis Zorgniotti
Autoproduction / Mai 2012
On peut ne pas être sensible à la musiques blues, et accrocher au disque de, Nicolas Repac, « Black Box » parce que ce n’est pas à vraiment parler un disque de blues même sil puise sa matière première dans le genre., Disque jazz, soul, hip hop, blues, »Black Box » permet de découvre des »Work Songs » (chants ouvriers) captés par l’ethnomusicologue, Alan Lomax, vers les années 30 aux 4 coins du monde. On découvre ainsi des chants de prisonniers enregistrés dans des pénitenciers du Mississippi et du Texas, des complainte d’un chaman amérindien, la voix d’une chanteuse tzigane serbe ou encore les styles si caractéristiques de, Cheikh Lo, John Lee Hooker, et, Bo Diddley., De toute cette matière sonore brute, de ces samples exhumés, il construit des morceaux très beaux très arrangés, une manière comme une autre de redonner vie à ces voix lointaines, à ces chants de la douleur, dans des compostions modernes rassemblés dans un album passionnant, dans un esprit à la fois proche et assez différent de ce qu’avait fait, Moby, il y a quelques années. (4.0) Benoît Richard
No Format / Juin 2012,
MARIE MADELEINE – Ural Baikal Amour EP
Après son single Swimming Pool, le trio Marie Madeleine continue sa politique du buzz, non pas à coups de clip sexy mais de tubes électro-pop entêtants. La chose n’est pas nouvelle mais abandonnant son petit côté Righeira (Swimming Pool réponse française à , Vamos a la playa ?), les Messins gagnent en, finesse et efficacité. Marie Madeleine se re-positionne dans une veine proche de Poni Hoax avec voix de crooner, électro 80’s dansante certes mais qui ne fait pas l’impasse sur les mélodies pop. Ura Baikal Amour (avec voix féminine en guest), The Nihilist Song (tube en puissance), Winter Skies (avec ligne de basse groovy , diaboliquement placée) font de Marie Madeleine une jolie tentatrice pour les joies de la danse. Les versions remixes qui suivent et qui font mieux que remplir l’EP, renforcent le côté électro addictive et obsessionnelle du groupe avec un Ura Baikal Amour (Populette remix) sur les traces de sueur de Budapest (de Poni Hoax encore et toujours). (3.5) Denis Zorgniotti
Ekleroshock / Idol / Mai 2012
Jean-François Mouliet alias, PacoVolume, est un garçon qui a beaucoup d’humour comme le montre la pochette de ce nouveau disque, mais pas seulement puisque ce dernier voulait appeler son nouvel album Led Zeppelin III, et que dernièrement il s’est carrément fendu d’une Lettre à , JD Beauvallet, des Inrocks pour l’inciter à jeter une oreille à ce nouvel album., Côté musique, on a véritablement découvert le garçon il y a 5 ans grâce aux compilations du concours CQFD et surtout quand il a été élu révélation de ce même concours en 2007. Dans la foulée, ou presque, il sortait Manhattan Baby, chez Discograph. 3 ans après ce premier album, il revient avec 10 nouvelles chansons produites par, Julien Delfaut (Revolver, Woodkid, Phoenix« ) dans un style pop-rock relativement classique, faisant référence à une certaine pop anglaise des années 80/90., Avec sa production élégante, l’album met en avant pour la plupart des titres assez énergiques, toutes guitare en avant. Un album agréable avec deux ou trois singles potentiels mais auquel il manque sérieusement un souffle d’originalité pour sortir du lot. Dommage. (3.0) Benoît Richard
Discograph / Juin 2012,
Deux ans après le bien nommé Kaleidoscope, Sosumu Yokota continue son étonnante alchimie musicale. , Le Japonais semble vouloir embrasser toutes les musiques du Monde et de toutes les époques dans une même transe musicale. Dès Human Behaviour, les circonvolutions musicales semblent venir tout droit de l’Orient, de l’Inde ou …de l’époque médiévale. L’électronicien Japonais est du genre ouvert et ses arrangements dépassent largement les simples synthés et ordinateurs pour se confronter à des instruments ethnique. Artiste parfois du trop plein, Sosumu, Yokota se permet quand même des morceaux house nettement plus classiques – et , par ailleurs fréquentables – et exprime sa globalité et sa sensibilité originale dans des passages contemplatifs (A Day at the Planet, Flitting Ray). Parfois fatigant, souvent fascinant. (3.5) Denis Zorgniotti
Loaf Recording / La Baleine / Avril 2012,
Finalement cette Oeuvre au noir est bien un travail d’alchimiste mais pas pour obtenir la pierre philosophale ou changer le plomb en or mais plus modestement pour changer un ersatz de PJ Harvey en vraie artiste. Car c’est vrai qu’en ouverture de son album (Black Wedding) Nadj, apparaît comme un clone parfait de l’Anglaise. Le sentiment est tenace mais la Française n’est pas née de la dernière pluie (un premier album en 2006) et sa palette musicale va au delà de ce seul gisement. Déjà , comme PJ Harvey, elle associe moments rugueux et lyrisme sombre, elle va aussi chercher du côté de l’Ouest Américain certaines instrumentations par les cactus et les vautours ; ce qui participe à la richesse de l’univers de la Française. Mais sur la longueur, par le charisme de Nadj, par le choix osé du français sur certains titres, par les couches superposées qu’elle dresse non sans un certain goût, on oublie un peu la filiation sur les bons morceaux proposés par la jeune femme (la fin de la route – bluffant ! – ou so heavy). (3.0) Denis Zorgniotti
Booster / Pias / Février 2012
Après PJ Harvey, Bjork ! Karin Park n’est pas islandaise mais suédoise ;, il n’empêche,, comme son illustre consoeur, elle possède ce grain particulier qui charme, entre douceur d’elfe et voix cassée (finalement une particularité scandinave également appréciée chez Emiliana Torrini ou Karin Dreijer Andersson de The Knife). Un rapprochement pouvant en cacher un autre, Karin Park a fait évoluer sa musique vers une électro-pop qui rappelle le Début de Bjork mais aussi la new wave 80’s de Depeche Mode (Restless) ou celle plus récente matinée de gothic de I Am X. Mais si, Highwire poetry pose un problème, ce n’est pas tant à cause de ses similitudes avérées mais plutôt par les moyens employés par la Suédoise pour capter son auditoire. Connu en Scandinavie, Karin Park est une artiste mainstream et on balance parfois entre l’écoeurement et l’émerveillement. Ecoeurement quand la jeune femme fait dans la grosse cavalerie ressemblant dès lors à une Lady Gaga en cuir noir. Emerveillement quand en dépit de cela et de sa filiation évidente avec Bjork, on est scotché par certains de ses morceaux : Tension et New Era forcent le respect et franchement, ce n’était pas gagné. (3.0) Denis Zorgniotti
State of the Eyes Record /La Baleine / Juin 2012
J’ai l’impression que Chapelier Fou n’a jamais vraiment quitté, ma platine depuis des années. Les disques ont changé (3EPs et un album, le tout en 2 ans) mais le bonhomme avec ses machines et son violon sont restés là , présents et offrant des parenthèses enchantées face à l’adversité, entre comptine enfantine, musique de chambre et onirisme électronique. En dépit du titre de son deuxième album, Louis Warynski, de son vrai nom, n’a pas vraiment été invisible ; y compris sur les scènes des 5 continents où il s’est produit en concert. Ce nouvel album voit quand même le Français faire un poil évoluer ses trames électronica-acoustiques avec des moments plus organiques (Cyclope & Othello et P Magister tissé à la guitare électrique ont un petit côté Radiohead) et il propose non pas un mais deux morceaux chantés. Chapelier Fou retrouve en effet Matt Elliott pour Moth, Flame, moment d’abord en porte-à -faux avec de finir dans la suavité d’une belle mélodie. Quant à Gerald Kurdian de This is Hello Monster,, il donne une touche romantique à la Jay Jay Johansson à Vessels Arches. Vous reprendrez bien une dose de Chapelier Fou ? Moi, si !(4.0) Denis Zorgniotti
Ici d’Ailleurs / Differ-ant / Mars 2012
THE TALLEST MAN ON EARTH – There’s no Leaving Now
Jusqu’à ce nouvel album, je dois avouer que la musique de The Tallest Man On Earth m’avait toujours laissé quelque peu distant, voyant en Kristian Matsson un erzats de Bob Dylan, un honnête suiveur plutôt qu’un véritable talent de son époque. Et puis, There.’s No Leaving Now, est arrivé. Un album qui change la donne et qui permet de revoir très nettement à la hausse la côte du Suédois. Parce que là , enfin, ses chansons accrochent l’oreille, là enfin ses mélodies se font lumineuses, ses arpèges de guitares aériens, lui permettant ainsi de délivrer des compostions la plupart du temps touchantes et dont les arrangements subtils s’accommodent finalement bien du son lo-fi. Et là ou l’on n’attendait pas grand chose, s’offre à nous une des belles surprise de ce mois de juin 2012. (4.0) Benoît Richard
Dead Oceans / Differ-ant / Juin 2012